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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


causes d’agitation. L’Église protestante d’Irlande ne paraît pas d’ailleurs avoir souffert des moditications ordonnées par la loi, et la disparition de ses privilèges et de son caractère ofticiel n’a pas nui à son développement ; et elle s’est reconstitué, depuis la séparation, un patrimoine considérable.

III. Projets de séparation en Angleterre. — Il y a en Angleterre, surtout depuis une trentaine d’années, un courant d’opinion assez marqué en faveur de la séparation entre l’Église et l’État. La Liberation Society, « société fondée en vue de libérer la religion du patronage et du contrôle de l’État », poursuit avec une inlassable ténacité la campagne de brochures, de manifestes, de publications de toute espèce qu’elle a entreprise. D’après les estimations des « liberationists », c’est-à-dire les partisans de la séparation, les revenus capitalisés de l’Église anglicane et les églises et cathédrales représenteraient au total une somme de 220 millions livres de (5 milliards de francs). On estime qu’en privant l’Église de ses dotations, moyennant de larges compensations calculées d’après les mêmes bases que pour l’Église d’Irlande en 1869, l’État pourrait disposer d’environ 3 milliards. Tout un plan a été élaboré ; il comporte l’attribution au Domaine des terres de rapport l’attribution des anciennes églises (antérieures à 1818) aux habitants des paroisses, qui pourraient les employer au mieux de leurs intérêts ou les aliéner ; l’attribution des églises modernes aux groupes de fidèles qui les ont construites, ou aux particuliers qui les ont fait élever à leurs frais, s’ils sont encore vivants[1].

Les « liberationists » n’ont jamais espéré ni obtenu

  1. Ayral, La Séparation des Églises et de l’État en Angleterre (Annales de l’École libre des Sciences politiques, année 1806.)