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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


l’intermédiaire de leurs membres, ni la loi, ni la jurisprudence n’ayant pris de précautions sérieuses contre les fraudes dues à l’interposition de personnes.


II. La Séparation en Irlande (« Disestablishment » de l’Église d’Irlande). — L’Église anglicane s’était imposée par la conquête en Irlande. « Cette Église, dit Minghetti[1], petite par le nombre de ses fidèles, mais puissante par sa hiérarchie, fortement organisée se partageant l’île entière et liguée avec les possesseurs du sol, avec l’Église d’Angleterre et avec l’État, dominait une nation de catholiques, réduite au dernier degré de la misère. » Par la loi du 26 juillet 1869 (Ann. 32-33, Victor. chap. 42), l’Église d’Irlande cessa d’être une Église officielle et devint une Église libre. L’article 3 chargea de la liquidation des biens àe l’Église trois « commissaires du temporel de l’Église d’Irlande », au nom desquels fut transférée toute la propriété ecclésiastique. Les « corporations » existantes (personnes morales correspondant aux établissements publics de notre droit), telles qu’archevêchés, évêchés, etc., furent déclarées dissoutes à partir du 1er janvier 1871. L’œuvre de sécularisation, de « dédotation » (disendowment) de l’Église d’Irlande est aujourd’hui presque achevée. Le patrimoine ecclésiastique, que Gladstone évaluait à 360 millions en capital, s’est trouvé être en réalité plus considérable encore. Le paiement des rentes viagères et allocations dues aux évêques et autres dignitaires, aux curés, etc., d’une indemnité globale de 11.250.000 fr. remise au corps représentatif de la nouvelle Église libre pour compensation de la perte des dotations privées, terres et dîmes, des dépenses afférentes aux édifices, et de diverses autres indem-

  1. L’État et L’Église (traduction Borguer), p. 37.