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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


cher des exemples d’une séparation véritable entre l’Église et l’État : ces deux pays sont l’Italie et la Belgique.


Italie. — C’est, on le sait, le grand ministre italien Cavour qui a repris et rendu célèbre la formule de Montalembert : l’Église libre dans l’État libre. On a dit parfois que dans sa pensée cette formule visait, presque exclusivement les rapports de la dynasnie de Savoie avec le Pape résidant dans la capitale du royaume italien. En résumé, Cavour et les hommes politiques qui collaborèrent à son œuvre, tels que Minghetti auteur d’un ouvrage célèbre sur la séparation de l’Église et de l’État[1], entendaient appliquer la même formule aux rapports de l’État avec le clergé séculier tout entier et l’ensemble des catholiques. Mais leur idéal n’a point encore été réalisé. La législation italienne ne présente que l’ébauche d’une séparation.

L’Église ne possède point une complète indépendance ; l’État est bien loin d’avoir rompu tout lien avec elle. L’article 1er du Statuto (Constitution) du royaume sarde, promulgué en 1848, déclarait que « la religion catholique apostolique et romaine est la seule religion de l’État » et que « les autres cultes existants sont tolérés conformément aux lois » ; et cet article est encore l’un des textes constitutionnels du royaume d’Italie. Assurément il a cessé depuis longtemps d’être appliqué à la lettre. Les principes de l’égalité et de la liberté des cultes et de la liberté de conscience sont hautement reconnus en Italie ; les questions religieuses ne jouent aucun rôle en ce qui touche l’aptitude aux fonctions et emplois publics ; les principaux services publics (état civil, instruction, assistance) ont un caractère laïque. Pour-

  1. Stato e chiesa (traduit en français par L. Borguet).