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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


nationales et autocéphales, indépendantes de tout pouvoir religieux étranger et, en même temps, reconnues, organisées, dotées par l’État.

Dans les pays Scandinaves la religion luthérienne est religion de l’État. En Norvège, beaucoup de fonctions publiques ne sont accessibles qu’à ceux qui professent la religion luthérienne. En Suède le libre exercice des cultes a étrangers » n’a été garanti qu’à une date relativement récente.

En Prusse, enfin, dans les autres États allemands, et en Autriche, il n’y a pas une religion « dominante », une religion d’État exclusive de toute autre ; mais plusieurs religions ont un caractère officiel tout à fait semblable à celui des cultes reconnus de notre législation actuelle.

Depuis la Révolution de 1848, l’organisation des Églises protestantes (évangéliques) de la Prusse et d’autres États allemands a été profondément modifiée ; de monarchique, elle est devenue élective et synodale et une indépendance presque complète a été reconnue à l’Église pour l’administration de ses biens. Pourtant l’Église évangélique de Prusse, pas plus que celle d’autres États allemands, n’est une Église libre et séparée de l’État. Le souverain temporel est en même temps le chef de l’Église, le « summus episcopus » ; l’organisation intérieure de l’Église est réglée par ordonnances du roi en sa qualité de chef de l’Église ; les rapports de l’Église et de l’État sont réglés par le Landtag. Les traitements et pensions du clergé protestant sont fixés et payés par l’État. Les rapports de la Prusse avec l’Église catholique ne sont guère moins étroits. Celle-ci est aussi une Eglise officielle dotée par l’État. Même au temps de la lutte âpre qui fut engagée par le prince de Bismarck contre le Vatican, il ne fut jamais question d’une séparation entre l’Église et l’État, mais