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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


la loi, la convocation de ces assemblées religieuses, sans lesquelles, comme le disait, en 1659, le modérateur du synode national de Loudun, a la religion protestante ne saurait subsister ».

Quant à la séparation de l’Église et de l’État, on ne saurait oublier qu’elle a trouvé des défenseurs éloquents dans les Églises réformées, longtemps avant que la question se posât devant l’opinion publique. Dès 1829, le pasteur vSamuel Vincent écrivait dans les Vues sur le protestantisme : « Je suis fortement convaincu que la séparation finale de l’Église et de l’État doit se réaliser un jour… Le changement sera sensible, sans doute, et beaucoup d’intérêts privés pouront en être lésés, mais le protestantisme n’a rien à craindre. La liberté sera pour lui la force et la vie, et c’est à ce prix peut-être qu’il peut voir s’accomplir les destinées que l’avenir lui prépare ». Aussi demandait-il déjà l’abrogation du trop célèbre article du Code pénal, relatif aux associations de plus de vingt personnes. « Il respire, disait-il, la jalousie et le despotisme, il tient en réserve la persécution pour tout mouvement de l’esprit ; il affranchit vingt personnes, la charte parle à tous les Français ». Mais nulle influence ne peut être comparée à celle qu’exerça et qu’exerce toujours le penseur Vinet dont on peut dire qu’il fut le théoricien de la séparation de l’Église et de l’État, dans les Églises protestantes de langue française. « Aucune religion a-t-il écrit, n’est digne du nom de religion si elle ne dit : « Mon règne n’est pas de ce monde ». Aucune religion n’est une religion si elle se propose l’alliance du pouvoir civil comme moyen ou comme but. »

Conséquent avec ses principes, Vinet avait été l’un des fondateurs de l’Église libre du canton de Vaud : Son exemple devait trouver des imitateurs en France. Après la révolution de Juillet, quelques