réclamer le rétablissement du pouvoir temporel du
pape. Habile aux expédients parlementaires, M.
Thiers avait su faire enterrer la protestation, par le
renvoi pur et simple au Ministère des Affaires étrangères,
malgré l’intervention de l’évêque Dupanloup.
Le 24 mai consacre le règne du clergé. Une délégation
de la Chambre s’est retirée des obsèques civiles de
M. le député Brousses. Dans un ouvrage d’une belle
tenue littéraire, qui prend par instants l’allure du
pamphlet, MM. Yves Guyot et Sigismond Lacroix
font un exposé de la situation du clergé, que nous ne
pouvons mieux faire que de citer :
« Mis en possession d’églises, d’édifices innombrables, dont la flèche domine toutes les villes, tous les hameaux, dont les cloches remplissent l’air, attestant qu’il est partout et que nul ne peut lui échapper, de séminaires où il élève ses recrues, le clergé prélève sur le budget de l’État une somme de 49 millions, qui chaque année augmente ; le budget de l’instruction publique est de 36 millions.
« Ce n’est pas tout : du département et des communes, il touche une somme minimum de 31 millions ; soit une part dans l’impôt général de 80 millions. À ces 80 millions, vous, nous tous, libres penseurs, contribuons.
« Ce n’est pas tout : ces hommes qui sont au Conseil supérieur de l’instruction publique, ce sont des évêques et des archevêques ; ils sont encore dans le Conseil départemental de l’instruction publique ; ils nomment et destituent l’instituteur. Voici le curé qui entre dans l’école, la loi de 1850 à la main, disant à l’instituteur : — Vous devez, avant tout autre, l’instruction religieuse.
« Le prêtre est partout ; il a l’assistance publique, on le trouve dans les prisons, à l’armée, sur chaque