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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


riode qui précède le Concordat de 1801, — c’est donc que les principes de la Révolution laïque eurent une vertu prodigieuse !

Hélas ! nous ne saurions attribuer aux idées une aussi grande force qu’elles puissent saper ce qui est profondément enraciné dans le passé et dans la tradition d’un pays. Si la sécuralisation des biens du clergé put se produire, c’est qu’elle était déjà préparée par le mécontentement général qu’avaient causé les excès du haut clergé ou la dictature intolérable de la papauté.

En vous présentant ce rapport, nous avons pour objectif de prouver que la seule solution possible aux difficultés intérieures, qui résultent en France de l’actuel régime concordataire, est dans une séparation loyale et complète des Églises et de l’État. Nous montrerons juridiquement que ce régime est le seul qui, en France, pays où les croyances sont diverses, réserve et sauvegarde les droits de chacun. Nous voulons montrer aussi, et d’abord, que cette solution est celle que nous indique l’histoire elle-même, étudiée sans parti pris, ni passion.

La sécularisation des biens du clergé par la Constituante ne fut pas une œuvre de haine, dictée par des principes opposés à ceux du catholicisme, ce fut une œuvre nationale exigée par l’ensemble de la nation, moins les prêtres, et aujourd’hui, ce n’est pas davantage, pour satisfaire à des rancunes politiques, ou par haine du catholicisme, que nous réclamons la séparation complète des Églises et de l’État, mais afin d’instaurer le seul régime où la paix puisse s’établir entre les adeptes des diverses croyances.

Dans la première partie de cette étude, on verra comment les rapports entre l’Église catholique et l’État français ne cessèrent jamais d’être troublés, malgré les services réciproques qu’ils s’étaient rendus