dément le divorce moral entre l’État laïque et l’Église.
Napoléon le sentit tellement qu’il engagea la
Russie et la Prusse à reconnaître le nouveau royaume
d’Italie. Mais, cédant aux instances de certains conseillers,
craignant que sa majorité d’autrefois ne tournât
à la légitimité ou à l’orléanisme, Napoléon imprima
à sa politique une direction nouvelle. À l’Italie,
qui réclamait Rome pour capitale, il ne répondit
pas ; au parti clérical, qui, depuis des mois, l’outrageait
et le vilipendait, il fit des avances pour la
constitution d’un ministère conservateur. Le maintien
du pouvoir temporel du pape devint, aux élections
de 1864, l’article primordial du programme des
candidatures.
Néanmoins, Pie IX ne sut aucun gré à l’empereur de ce revirement. Il ne craignit pas de lui créer des embarras, dès qu’il en eut l’occasion. De vive force, il imposa la liturgie romaine au diocèse de Lyon. Et il s’obstina dans ses errements gouvernementaux, si opposés, si contraires aux principes de 1789.
Il est vrai que la France blessait les convictions du souverain pontife. Après l’opposition gouvernementale, de bons catholiques battaient en brèche sa politique théocratique. Au Congrès de Malines, Montalembert fit le procès de l’Inquisition et réclama toutes les libertés, jusques et y compris celle de « l’erreur ».
De telles « hérésies » décidèrent enfin Pie IX à rompre les liens qui créaient quelque solidarité entre lui et les États laïques, à condamner radicalement les sociétés issues de la Révolution.
La convention du 15 septembre 1864, par laquelle la France et l’Italie s’engagèrent à respecter Rome, si l’ordre n’y était pas troublé, parut au pape une menace disismulée, d’autant plus que les deux gouvernements lui avaient laissé ignorer les négociations.