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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


105 millions de francs ; leurs valeurs en portefeuille restaient ignorées.

Quant aux congrégations non autorisées, rien ne s’opposait au développement de leur influence et de leurs richesses.

Les prescriptions de l’autorité laïque étaient impunément violées.

La loi Falloux portait ses fruits. Les écoles primaires n’avaient qu’à de rares exceptions des instituteurs laïques. Et, dans l’enseignement secondaire, le nombre des lycées et des collèges diminuait, tandis que les établissements libres se multipliaient et prospéraient. En 1850, 914 écoles, dirigées par des évêques, des prêtres séculiers ou des congrégations, étaient signalées ; en 1854, elles étaient au nombre de 1.081. D’autre part, des séminaires pour enfants possédaient au bas mot 25.000 élèves.

Enfin, les ordres hospitaliers prenaient une influence toujours plus grande. Les hôpitaux s’ouvraient aux sœurs de la Charité ; les Petites soœurs des pauvres, en moins de quatre ans, acquéraient pour plus de 25 millions de francs de biens-fonds déclarés. Des sociétés de propagande, sous le couvert de la charité, agitaient l’opinion et rendaient l’Église plus militante, plus active qu’elle n’avait jamais été.

Napoléon III laissait donc l’Église prendre soin de ses intérêts en lui accordant toutefois la plus large protection. Il n’avait que le souci de marcher sur les brisées de son oncle et il rêvait d’être sacré pareillement par le Saint-Siège. Mais celui-ci entrevoyait l’affaire sous l’aspect d’un marché ; il imposait ses conditions : abolition des articles organiques et de la loi sur le mariage civil. Napoléon résista et les négociaions avortèrent.

Le résultat fut un changement dans la politique de l’Empire. La loi Falloux fut amendée dans un sens