des passions cléricales. C’est alors que l’on remarqua
au Palais-Bourbon, parmi les partis de gauche, un
courant d’opinion en faveur d’une rupture entière
avec l’Église. Déjà, en 1843, Lamartine, à la tribune,
avait avoué qu’il ne connaissait qu’un moyen à l’État
pour résister aux assauts des factions cléricales : la
séparation. Quand, un an après, la loi de Villemain
fut mise en discussion, cette opinion, bien que prévalant
chez les républicains, n’osa s’affirmer avec force
et conviction.
Le 24 mai 1845, à la suite de débats passionnés, la loi sur l’enseignement secondaire, amendée dans un sens nettement clérical, fut adoptée par la Chambre des Pairs. La surveillance et l’inspection n’appartenaient plus à l’État, mais à un Conseil de l’enseignement. C’était dire que l’Université n’avait plus la confiance du pays.
Cependant, la Chambre des Députés ne paraissait nullement disposée à voter la loi. Thiers, rapporteur du projet, énumérait toutes les garanties auxquelles l’État ne pouvait renoncer. Son rapport bannissait les complaisances que l’on serait tenté d’accorder aux partis de l’Église. Et, timidement encore, il laissait entrevoir la nécessité pour le Gouvernement d’enchainer le cléricalisme par une loi sur les congrégations.
Jamais les jésuites n’avaient été aussi redoutables. Incroyable était leur pouvoir sur les croyants ; et l’Église tout entière se trouvait entre leurs mains. Poussé par eux, l’archevêque de Lyon ne venait-il pas de condamner les articles organiques ?
Il y avait une opinion favorable à la répression. Thiers ouvrit les hostilités ; il démontra que les lois sur les congrégations n’avaient pas cessé d’être en vigueur et que les évêques français inféodés à l’ordre des jésuites constituaient un « péril national ».