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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


pourra se passer d’un Salvum fac. Le Courrier français souscrit à l’opinion de Lamennais. Liberté pour tous ; par ce moyen, on déchargerait le budget national de 36 millions. La Gazette de France craint que la suppression du budget des cultes n’entraîne la chute de la plus grande partie des établissements ecclésiastiques. Le Journal des Débats fait des réserves ; il s’étonnerait qu’on accordât à une classe d’hommes une liberté sans surveillance, que nul ne possède dans l’État. À cette objection, l’Avenir répond : « L’État connaît le citoyen ; il ignore le prêtre ; le prêtre n’est atteint par l’État que quand il viole une obligation de citoyen. »

Cependant, le Courrier français, favorable à la séparation, se demandait si « ce projet plairait aux archevêques, évêques et aux prêtres catholiques. L’archevêque de Paris consentira-t-il jamais à renoncer à son palais épiscopal, à ses 100.000 francs de traitement et à Conflans ? » Et le Courrier raille M. de Frayssinous possesseur de « canapés soyeux », d’un « billard », entouré de « toutes les jouissances de la vie ».

Ces encouragements permettent à Lamennais de triompher. Il proclame que « la religion ne peut être sauvée que par la liberté, et que la condition de cette liberté est la séparation totale de l’Église et de l’État. » Et, à tous ceux qui veulent des atermoiements, il demande « si les rapports qui unissaient l’Église à l’État, lorsque celui-ci était catholique, peuvent subsister lorsqu’il a cessé de l’être ».

Alors, prenant une plus exacte conscience de la justice de la cause qu’il défend, à ses arguments secs, rudes, impitoyables il mêle des invectives, un esprit sarcastique, dont ses adversaires se montrent confondus :

« Si Néron ressuscitait, écrit-il, et qu’il envoyât un prétorien vous demander un Te Deum, on vous con-