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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT

siècle et contre laquelle le pouvoir laïque n’essaya de lutter que par intermittence.

Après Coblentz, une nouvelle génération sacerdotale envahissait la France. L’Église devint double. Il y avait plusieurs évêques pour un seul siège, et le clergé resté en France n’était que toléré. Une refonte le ferait disparaître.

Telles étaient les dispositions d’esprit des hommes de la Restauration à l’égard de l’Église, de la Révolution et de l’Empire. Leur programme réformiste était dicté par la même haine des années vécues depuis 1789.

Les rapports entre l’Église et l’État redevenaient ce qu’ils étaient sous la monarchie. Par conséquent, l’Église reconquérait sa puissance temporelle. Les anciens diocèses étaient reconstitués et le clergé doté en biens-fonds ou en rentes perpétuelles. Les ordres religieux pouvaient accroître leurs biens indéfiniment. Les évêques réfractaires, connus sous le nom de petite église, émettaient encore d’autres prétentions.

Louis XVIII n’était pas d’avis de les suivre jusqu’au bout de leurs prétentions. La charte proclame la liberté des cultes, mais elle dit que le catholicisme est la religion de l’État. Les prêtres constituaient son entourage et le circonvenaient. Après avoir détruit l’Université, le 17 février 1815, Louis XVIII proposa à Rome de rétablir le » Concordat de François Ier ; mais Pie VII répondit que le Concordat de 1801 avait été librement consenti par lui.

Le retour de Napoléon interrompit les négociations.

La seconde Restauration déchaîna les fureurs réactionnaires que l’on connaît. Elle voulut, plus encore que la première, l’Église toute-puissante. Non seulement le parti des prêtres réclamait la restitution des biens non vendus ; mais même une inscription de rentes au grand livre de la dette publique. Ses reve-