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Quant à l’obscurité dont on a enveloppé intentionnellement les premiers travaux qui avaient le Congo pour objectif, elle est indéniable ; mais n’était-elle pas commandée, jusqu’à un certain point, par les circonstances ? Sans doute, dans un siècle de publicité à outrance, comme le nôtre, ceux qui ne satisfaisaient pas la curiosité publique s’exposaient à devenir suspects ; mais, d’autre part, ils se soustrayaient de la sorte à des polémiques stériles, qui leur auraient créé des embarras et auraient entravé leur travail utile. Ils ont laissé dire, car ils en avaient le droit, et ne s’en sont pas, en définitive, trouvés plus mal.

L’État indépendant du Congo occupe le centre d’un vaste quadrilatère, dont la France, le Portugal, l’Allemagne et l’Angleterre gardent ou protègent les abords, et il est certain de trouver en eux de bons voisins, animés des mêmes intentions civilisatrices que lui. Toutes ces puissances, d’ailleurs, ont fait publiquement, à Berlin, des vœux pour sa prospérité. Les indigènes, de leur côté, semblent accepter docilement le joug léger de leur nouveau maître. De quel côté pourrait venir un orage dans cette sereine atmosphère ? Aucun, fort heureusement, ne s’annonce à l’horizon. On peut donc, sans se montrer trop optimiste, espérer que rien ne fera mentir dans ce pays l’emblème de prospérité, — l’étoile brillante sur un ciel sans nuages, — qui décore son drapeau.


Orléans. — Imp. Paul Girardot.