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de changer de titre et de prendre en mains, comme souverain, les rênes de l’État.

Cette dernière transformation était devenue, d’ailleurs, une véritable nécessité. Au printemps de 1885, M. Banning, délégué belge à la conférence de Berlin, écrivait[1] : « L’État du Congo n’a pas de chef, pas plus que l’Association internationale n’a ostensiblement à sa tête un représentant autorisé de cette souveraineté dont elle est dépositaire. Les personnes qui, dans les négociations récentes, ont traité en son nom, n’avaient point par elles-mêmes de puissance souveraine ; elles ont agi comme mandataires du roi des Belges, agissant lui-même dans une qualité que le droit international ne prévoit pas, celle de fondateur d’une Association privée, devenue souveraine de fait, mais non ipso facto de droit. Cette situation ambiguë, incorrecte, a été une source constante de difficultés de toute nature ; elle a singulièrement entravé la conduite des négociations et pesé sur leur résultat. » Elle avait même fourni des armes aux détracteurs de l’Association. Un publiciste s’était demandé « qui était cette Association », et l’avait définie « un État en actions, qui prétend avoir des attributions souveraines. » Il en avait conclu « qu’au point de vue international c’était une anomalie, une monstruosité, et, qu’au point de vue de l’avenir, c’était l’inconnu dangereux[2]. »

La communication de S. M. Léopold II, qui mettait fin à cet imbroglio, fut très bien accueillie par les divers gouvernements. Actuellement, trente-sept puissances, non compris la Belgique, y ont déjà répondu par des félicita-

  1. La Conférence africaine de Berlin et l’Association internationale du Congo, par Banning, p. 23.
  2. Le Portugal et la France au Congo, par un ancien diplomate, p. 50.