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DE LA LANGUE BRETONNE.

mologie ; » et il se propose de donner dans toute leur ampleur ces expressions tronquées, qui sont l’effet de la corruption de la langue ; en même temps, blâmant encore indirectement Maunoir, il s’élève avec raison contre l’emploi des lettres inutiles, superflues ou même trompeuses, et il en appelle à Fortliograplie celtique ancienne contre l’orthographe bretonne imaginée en i65o, à l’imitation, dit-il, des François et des Latins. Par malheur, il est loin de mettre toujours en pratique ces excellents principes, et les contredit souvent dans l’exécution. Du reste, on s’en étonne moins, quand on voit ce qu’il entendait par ancienne orthographe celtique. C’était pour lui, non pas celle de l’époque brillante de la langue bretonne, mais de la décadence : l’orthographe où s’étaient introduits le ch et ley français ; le ç et le çz, pour figurer les dentales aspirées cT et 9 j le ayant le son du y’ ; le g suivi d’un u devant les voyelles e, i j lequel u ne servait qu’à rendre incertain le son de la syllabe qui en provenait ; cph déjà figuré par/ ; le r^, Vx et Vj, lettres inutiles ; l’orthographe où le k et le w ne paraissaient plus qu’exceptionnellement ; eu un mot, à peu de choses près, le système vicieux du P. Maunoir. L’examen des deux dernières lettres, relativement à l’emploi qu’en fait le P. Grégoire, donne lieu à une remarque curieuse, et prouve bien son défaut de méthode : pas plus que le P. Maunoir, il ne mentionne le w dans l’alphabet qu’il place au commencement de son dictionnaire et de sa grammaire, et pourtant il en fait usage comme lui(i). Quant au k, voici ce qu’il dit : « à la place du k, qui, à la vérité, est naturel à notre langue, et a été de l’ancienne orthographe, je me sers de la lettre /^. » Sa raison est plaisante : « c’est parce que cette lettre ne défigure pas tant les mots. » Du moins sera-t-il d’accord avec lui-même et emploieia-t-il toujours le <7, à l’exclusion de ce k si désagréable à l’œil ? Pas du tout ; oubliant ses propres paroles, il écrit le même mot tantôt avec un c, tantôt avec un q oweq, et tantôt avec un k (a). Lorsqu’il commença sa grammaire, peu d’années après la publication du dictionnaire où l’on trouve ces anomalies incroyables, quelqu’un les lui fit remarquer sans doute ;, car il voulut se mettre d’accord avec lui-même et avec l’ancienne orthographe, et il dit, en répétant d’ailleurs presque mot pour mot une observation très-juste du P. Maunoir (3), mais qu’ils n’ont mise en pratique ni l’un ni l’autre _, «A- et<7 peuvent s’employer pour une même lettre, parce qu’ils ont les mêmes règles, le même son, la même prononciation (4). «  Aussi ;, écrit-il dans sa grammaire, à la fois par un k et par un q, les mots qu’il écrivait le plus souvent par celte dernière lettre dans son dictionnaire (5). On voit que sa manière d’écrire ne mérite guères plus que celle du P. Maunoir d’occuper l’attention de la criticjue.

Le bénédictin dom Louis Le Pelletier devait mettre en pratique les prin- (1) Ainsi il écrit wal[àç,.., p. 213), ysward p. 352, lacqat et laqal ; p. 117, s(anc, et, p. 372, (ibid., p. 773 ;. Wener (gramra., p. 33j, elc. slanq-, p. 52. qever, et, p. 772, kéver etc., ctc (2) Pour n’en citer que quelques preuves, (3j Grammaire, p. 76. je me contenterai de dire qu’on trouve, dans (4) Orammaire, p. 9. son dictionnaire (édit. de 1732.} p. 176, le mot (5) Qaé ou /caJ, dit-il ; qi’ff ou Jiéff,- qicq tok éi, rl lac cl locq ;]). 301, karrek clkerrck, ou kkq ; qéguin oukéguin ; kélaslrcnjecrncet, p. 823, garrecgf et gerrecg ; p. 772, (jaei’aez vad, kchezlou, kérésez, p. 2. 1 ; qéréscn, p. et fto^coczy p. l57, gaj(cJ, ct, p. 568,/icaî<ei/ 47 ;(7i, ibid. ; Ayc«ed, p. 48, ctc, etc.