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de l’impératrice, qu’à peine voulut-il s’arrêter quelques instants à Soissons, où il avait été décidé qu’on coucherait, et l’on se rendit tout de suite à Compiègne. Il paraît que les prières de Napoléon, unies aux instances de la reine de Naples, décidèrent Marie-Louise à ne rien refuser à son trop heureux mari. » Les lettres écrites de France à la comtesse Colloredo et à la comtesse de Crenneville sont remplies des témoignages d’une joie sans nuage. « Je sens dit-elle, combien il est doux de parler de son bonheur. »

Elle étale l’innocent orgueil de sa maternité : « Mon fils profite à vue d’œil, il devient charmant, je crois même lui avoir déjà entendu dire papa ; mon amour maternel veut au moins s’en flatter. » (2 septembre 1811.)

Mais nous savons par un témoin qu’elle était gauche et maladroite avec son fils, et qu’elle n’osait ni le prendre ni le caresser. L’empereur, au contraire, le prenait dans ses bras toutes les fois qu’il le voyait, le caressait, le taquinait, le portait devant une glace et lui faisait des grimaces. Lorsqu’il déjeunait, il le mettait sur ses genoux, trempait un doigt dans la sauce, le lui faisait sucer et lui en barbouillait le visage. La gouvernante grondait, l’empereur riait et l’enfant paraissait recevoir avec plaisir les caresses bruyantes de son père.

Marie-Louise ne cesse pendant trois ans de vanter son bonheur conjugal : « Les moments que je passe le plus agréablement sont ceux où je suis avec