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composé six valses, « mais elle ne peut les produire ». Elle aime la danse et elle danse beaucoup. Valses, écossaises et quadrilles la ravissent également. Elle est désolée quand il lui faut tenir le piano pour faire danser les invités.

Chassée de Vienne en 1809 par les Français victorieux, elle se retire à Erlau avec l’impératrice. Elle habite une masure démeublée et couche dans un lit plein de vermine. Pourtant elle est contente, parce que « c’est comme une maison de campagne ». — « À trois heures on est réveillé par les cochons qu’on mène au pâturage. » Son grand plaisir est d’acheter des cerises aux paysannes.

De là, Napoléon lui apparaît comme un monstre. N’est-il pas le persécuteur de sa famille et de son peuple ? N’a-t-il pas mis la maison de Hapsbourg à deux doigts de sa perte ? N’est-ce pas devant lui qu’elle fuit avec les siens de ville en ville ? Aussi comme elle accueille tous les contes qu’on fait sur le tyran, avec quelle bonne foi elle raconte qu’il s’est fait Turc et a renié le Christ en Égypte, et que, dans une grande défaite, le 22 mai 1809, il a tué de sa main deux de ses généraux. En réalité, le 22 mai 1809, l’empereur gagnait la bataille d’Essling et pleurait en embrassant le maréchal Lannes mortellement frappé. Pour elle, Napoléon, c’est l’Antechrist. (Lettre du 8 juillet 1809.) Elle tremble à son nom.


Je vous assure que de voir cette personne me serait