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Huit jours après l’écuyer se rendait à cette bonne invitation.

Il vit Giovanni, et je ne sais quel charme secret l’attira vers ce charmant enfant. Le duc lui ayant parlé de frère Ambroise, Stigliano, malgré sa réserve habituelle, se lia avec le bon religieux ; il aimait à lui ouvrir son cœur.

— Prince, lui disait le religieux, vous n’êtes pas fait pour le monde, vous en avez bu tout le fiel ; venez avec nous, les demeures du seigneur sont pleines de joie.

— Vous avez raison, mon père ; je voudrais bien renfermer mes jours dans ce cloître. Je sais que j’y serais heureux. Cependant je n’ose en franchir le seuil. Faut-il, parce que le sort a détruit mon bonheur, céder à mon affliction ? Si tous ceux qui croient et espèrent quittaient le monde, la société serait livrée au mal. Il faut des combattants, il faut des soldats qui bravent le danger. Dieu assigne à chacun son poste. Vous avez le plus avantageux. Revêtu du manteau de la charité, vous dites à ceux qui pleurent d’espérer. Moi je vis au milieu d’êtres faux et corrompus ; je dois être sans pitié pour leur hypocrisie et leur corruption. Et puis, si je restais au cloître, qui veillerait sur votre Giovanni ? Il va se rendre à Naples ; votre devoir vous retient ici : le pauvre enfant serait sans protection. Mon père, je resterai attaché à ma chaîne dorée, mais j’accomplirai ma promesse : Gioyanni sera présenté par moi au directeur du Conservatoire des pauvres de Jésus-Christ ; demain même Gateano-Greco le verra !

Cette conversation avait lieu la veille du jour, fixé pour la fête à laquelle se rendait le prince, ayant Giovanni dans sa voiture.

FIN DU SECOND CHAPITRE.