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demander quel motif vous porte à m’interdire votre maison ; je ne crois pas…

— C’est juste, mon ami, écoutez-moi ; je m’en vais vous dire toute la vérité, sans déguisement : Lorsque je vous ouvris ma maison, j’aurais dû songer que j’avais une fille jeune, sensible, qui se laisserait facilement impressionner par les qualités aimables d’un jeune homme plein d’honneur ; que d’un autre côté le jeune homme ne serait peut-être pas insensible aux attraits de la jeune fille…

— Je reconnais mes torts, Monsieur ; j’aurais dû tout d’abord vous prévenir de mes intentions à l’égard de Mademoiselle votre fille ; mais croyez bien…

— Qu’elles sont honnêtes, n’est-ce pas, mon ami ? Jen’en ai jamais douté, M. Lery ; mais ce mariage est impossible. Appelé par votre naissance et votre éducation à occuper un rang dans le monde, vous ne pouvez épouser la fille d’un paysan. Ce serait vous préparer à Marie et à vous des regrets pour la vie. Je ne dois pas le souffrir et je ne le souffrirai pas. Je vous prie donc et vous ordonne au besoin de ne plus revenir chez moi.

— Je ne puis qu’obéir, Monsieur ; mais croyez bien qu’en quelque lieu que je sois, je n’oublierai jamais la ferme de Kerlaven.

Et il retourna à Roswillou, le cœur navré.

Quinze jours après, l’exploitation étant entièrement terminée, Arthur reçut l’ordre de quitter la forêt et de se rendre à Saint-Brieuc. Depuis l’invitation que Ian Rosaker lui avait faite de ne plus revenir chez lui, il n’avait pu voir Marie