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simple, mais de bon goût, et attendit avec impatience que le fermier fût prêt. À deux heures après midi, Yves Kerouan vint l’avertir qu’il était à ses ordres, et ils s’acheminèrent tous les deux vers Kerlaven, qui n’est qu’à quelques centaines de pas de Roswillou,

Lorsqu’ils arrivèrent, Marie était aux vêpres. Ils ne trouvèrent que Ian Rosaker, qui accueillit nos visiteurs avec cette cordialité franche, si pleine de bonhomie, que l’étranger rencontre avec tant de plaisir chez les cultivateurs aisés de la Cornouaille. Il se mit aussitôt en devoir de faire visiter à Arthur sa ferme, son potager, ses récoltes, ses arbres ; il ne lui fit grâce d’aucun détail. Arthur admirait tout : il songeait à Marie. Enfin, après avoir bien couru, ils rentrèrent à Kerlaven.

— Marie, dit Ian Rosaker à sa fille, sers-nous à collationner ; il y a deux heures que nous promenons, ces messieurs doivent avoir besoin de se rafraichir,

En apercevant Marie, Arthur se sentit embarrassé. Il n’avait pas oublié comment il l’avait rencontrée la veille ; il se rappelait aussi vaguement qu’elle avait disparu tout d’un coup, puis il ne savait plus ce qui s’était passé après jusqu’au moment où il était arrivé à Roswillou. Cependant il se décida à aller la saluer et s’en acquitta assez gauchement. Quant à Marie, elle reçut M. Lery comme si elle ne se fût souvenue de rien. Le jeune homme reprit alors un peu d’assurance, et fitle plus grand honneur à la collation de M. Rosaker. C’était Marie qui l’avait préparée.

En partant, il remercia le fermier de Kerlaven de la bonne réception qu’il lui avait faite, et lui demanda la permission