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— Si je connais Ian Rosaker !… C’est un de mes bons amis, et si vous voulez, c’est demain dimanche, vous n’aurez rien à faire, nous irons le voir.

— Mais je ne le connais pas.

— Ne craignez rien ; il vous recevra bien, il aime beaucoup les étrangers, et d’ailleurs je vous présenterai.

— Est-ce la belle Marie Rosaker qui vous rend si triste ce soir, M. Lery, fit malicieusement la fermière en se mêlant à la conversation.

— Marie !… C’est le nom de ma mère !

— Vous ne seriez pas le seul, M. Lery, à qui elle eût fait tourner la tête : c’est une belle fille et qui est savante ; elle a passé trois ans au couvent de Guingamp.

— Marie Rosaker, dites-vous ; je ne la connais pas… Mais j’ai entendu dire beaucoup de bien de son père, et je serais charmé de le connaître.

La fermière avait remarqué qu’Arthur avait rougi en prononçant le nom de Marie Rosaker : elle fit un signe d’incrédulité. Quant à ce dernier, il se retira dans son appartement, après avoir rappelé à son hôte la promesse qu’il lui avait faite.

Il ne put fermer l’œil pendant toute la nuit : il songeait à Marie, qui lui était apparue comme un ange consolateur descendu des cieux. Ses souvenirs étaient confus, et ce qui s’était passé entre eux lui semblait un rêve lointain, une hallucination mensongère qui venait se jouer de son bonheur.

Le lendemain Arthur se leva de grand matin, fit une toilette