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Ninetta ne disait rien ; le seigneur Luggi n’était autre que l’étranger, mais il semblait ne l’avoir jamais vue ; et, comme tout ceci semblait tourner à bonne fin, elle garda le silence. Quant au maître de la maison, il déploya tant de zèle et de grâce pour fêter ses convives et leur procurer tout le plaisir possible, que Giovanni lui-même en était enchanté.

— Si tous les hommes ressemblaient à ce seigneur, Logroscino ?

— La terre serait un Éden.

— En voiture ! car on commence à huit heures à Saint-Barthéomélo.

— Vous avez raison, Logroscino ; nous devons assister à un triomphe.

Peu d’instants après, ils entraient dans une loge près de celle du roi, qui honorait la pièce nouvelle de sa présence. Tout ce que Naples comptait de gens illustres se trouvait réuni : c’était prodigieux de voir cette enceinte éclairée par les candélabres et les diamants. Le chef d’orchestre prit place. On commença. Après quelques instants, on n’entendit plus que les suaves violons qui chantaient des mélodies célestes, puis la grande famille des instruments, ensuite la flûte légère dont les notes tombaient, une à une, jetées ça et là sur les tenues des basses et des altos. Les symptômes les plus flatteurs se manifestaient. On voyait que la foule n’attendait que l’applaudissement royal. Il partit, et la salle en fut ébranlée.

— N’est-ce pas que c’est sublime, Giovanni ? dit Logroscino.

— Oui, répondit celui-ci ; mais j’ai entendu cela quelque part.

La pièce continua. L’admiration des spectateurs allait en augmentant ; Giovanni avait le délire. Lorsqu’on arriva à l’endroit