l’ingrate Cécilia qui me poursuivait, elle que j’évitais, elle qui m’a chassé de la ville des parfums, de l’indolente Naples, dont les pieds d’albâtre se baignent aux flots bleus de la mer sereine, sans qu’elle s’inquiète, la molle sultane, du funeste veilleur, du cyclope farouche, dont l’œil ardent la regarde, et qui quelque jour l’étouffera sous ses baisers de feu.
Mais je n’ai point comme vous renoncé au monde, La sagesse que vous possédez m’évite.
Je veux me hasarder sur ce chemin épineux qui conduit à la gloire. Vous souriez. Moi-même je me prends à être saisi de pitié pour mes résolutions insensées. Et malgré cela, le démon qui me possède m’aiguise ; je veux lutter avec cet esprit invisible, et toujours je suis vaincu. Que vous dirai-je ? penché sur moi, écoutant mon désespoir je voulus en finir. Le suicide était là, il m’attirait et ces sombres conseils me montraient les obstacles qui m’attendent. Va, me disait-il, heurter ta tête contre la porte d’airain ! Va te joindre aux victimes sans nombre que la gloire a dévorés ! Vois son temple : les abords en paraissent faciles ; tout séduit et entraîne. Les mille étoiles qui pendent à ces voûtes semblent se détacher d’elles-mêmes pour orner les fronts élus. Et cependant depuis le commencement des âges, chaque siècle, envieux de sa renommée, s’est précipité pour avoir sa place choisie. Il a fallu les marbres de Phidias, les chants de Virgile et les toiles de Raphaël, pour donner entrée à Périclès, Auguste et Léon X. Quant aux hôtes isolés, quant à ces voyageurs ignorés de tous pendant leur vie, regarde dans l’enceinte ; vois ces pasteurs de l’humanité, si leurs noms étincellent et éclairent le monde. C’est chargés du mépris de la foule, c’est revêtus des haillons de la misère, et après avoir mangé le pain de l’exil, qu’ils sont venus tomber haletants et découragés sur les maches fatales.
Eh bien ! malgré ces sombres vérités, je résolus de vivre.
Yous avez bien fait, la patience du génie vous anime, reprit
