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Cache ta tête sous ton aile :
La brise berce le rameau,
Et du rossignol pour sa belle
On n’entend plus que la voix frêle.
Dors dans ton nid, petit oiseau.

Rien n’ira troubler ta retraite
La nuit épaissit le bandeau,
Le bandeau vert qui, sur ta tête,
Te garantit de la tempête.
Dors dans ton nid, petit oiseau.

Demain matin, dans la vallée,
Te balançant sur le roseau,
Ton aile humide de rosée
Par l’aurore sera séchée.
Dors dans ton nid, petit oiseau.

Demain matin, sur la bruyère,
Voltigeant au soleil nouve
Tes chants rediront la prière
Au Dieu qui donne la lumière.
Dors dans ton nid, petit oiseau.

Demain ta compagne, à l’aurore,
T’écoutera, seule au berceau,
Chanter, pour que Dieu fasse éclore
Vos petits, prisonniers encor
Dors dans ton nid, petit oiseau.

Demain, peut-être, à ta famille
Tu donneras la goutte d’eau
Qui sur la feuille verte brille,
Diamant léger qui scintille.
Dors dans on nid, petit oiseau.

Je t’ai vu naître en la prairie
Qui te servira de tombeau;
Moi, je mourrai dans ma patrie,
Ma Bretagne belle et fleurie,
Ainsi que toi, petit oiseau.


Comme on le voit, le poète justifie ce que nous avons avancé: dans cette pièce touchante et simple, il forme un vœu, c’est de mourir dans sa Bretagne, sa Bretagne ; ses amours. Il a raison, la Bretagne lui saura gré de son dévoûment; elle encou-