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Rehdi et Stéphany.
FRAGMENT.



STÉPHANY.

Frère, à nos pleurs mortels Dieu ne rénd point un ange !
Je l’aimais sans espoir et pourtant sans mélange ;
Son sourire innocent dorait mon triste jour,
Et je puisais la vie en son candide amour !
Lorsque enfant, je courais dans l’ajonc de nos landes,
Tresser l’or de ses fleurs en légères guirlandes
Toujours de sa pensée illuminant mon cœur,
Je revenais tremblant d’une douce terreur,
Déposer sur son front mon humide couronne !
Que devient le rayon que la nuit environne ?

REHDI.

Où s’envole la joie ? — où s’enfuit le bonheur ?.…
Ô ! vous qui le savez, dites-le nous, Seigneur !
— Souvent j’ai vu l’oiseau, battant d’une aîle liéureuée ;
Chanter ses purs amours dans l’ombre lumineuse ;
Mais c’est encor pour moi comme un rêve charmant ;
À l’horizon lointain comme un rayonnement !
Pourtant, frère, je plains ta profonde souffrance,
Mais que ton cœur blessé s’entrouvre à l’espérance ?
L’amour t’a fui, la gloire est là, sur ton chemin,
Allons tous deux vers elle en nous donnant la main.
Viens, contemple le ciel où sourit ton doux ange,
Et qu’un jour jusqu’à lui s’élance ta louange !
L’immortel Florentin trouve en l’azur divin
L’âme que sur la terre il demandait en vain :