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rôle : la littérature actuelle est effrayant ; elle fuit le commerce des hommes qui espèrent et croient ; elle se promène revêtue de deuil, vivant avec les morts, et lorsqu’une âme ardente et forte vient lui demander quelques consolations, elle lui montre la terre, et murmure lentement cet affreuse parole, néant…

Triste conclusion, suivie par de plus tristes résultats. Nous n’avons pas le talent nécessaire pour discuter cette importante question ; mais, en présence des faits, nous sommes portés à examiner les causes. Nous ne pouvons nous empêcher de dire : Serons-nous plus heureux, quand on nous aura arraché toutes nos illusions ? La société sera-t-elle meilleure, quand on aura montré toutes les infirmités du cœur humain, sans indiquer de remède ? Ce n’est pas à nous de prononcer !… Seulement, nos sympathies ne sont pas là ; nous espérons ; nous croyons encore que la vertu existe, et en présence de la sublime action des défenseurs de Mazagran, nous sentons un noble orgueil animer notre cœur.

Revenons au volume de M. Loysel : À côté du chrétien se trouve lé patriote breton : que l’auteur nous pardonne les quelques objections que nous allons lui faire. Si nos idées religicuses se trouvent totalement en rapport avec les siennes, nous différons un peu sur le second point. M. Loysel justifie ce caractère d’opposition si largement retracé par le savant professeur d’histoire de la Faculté ; il n’aceuse pasle connétable de trahison, mais il dit que la Bretagne est opprimée. Nous ne pensons pas que des lois exceptionnelles nous soient imposées par la mère-patrie, et cependant voyez ce que dit le poète dans une pièce adressée à un Irlandais :


Ton Erin, ô mon Jobn, est sœur de l’Armorique :
Elle est sœur par les mers et sœur par les forêts.
Sur tous les deux pèse un sceptre tyrannique,
Etc…….