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l’esprit de vertige est répandu au milieu de la foule : les voilà qui cherchent à s’entr’égorger. Je vois des malheureux jetés dans les prisons, d’autres précipités dans les flots, d’autres déchirés par la torture. Et tous les partis prétendent n’obéir qu’à la piété, à l’intérêt public, et tous déchirent le sein de la patrie avec une horrible joie. La féroce Erynnis a pris le masque de la justice, elle crie : Sauve Le Roi, et brise le sceptre royal. Les crimes des Sylla, des Catilina sont effacés. Dans la fureur des combats, la férocité passe pour de la valeur. Le père redoute ses enfants ; le frère voit dans son frère un assassin. Clercs, soldats jetés pêle mêle dans les prisons, périssent égorgés comme des brebis sous les coups d’une populace en furie. La voix de la religion est méconnue, l’impiété des bourreaux refuse une tombe aux victimes…

— Heureux étranger, au sein de cette contrée lointaine, où tu es retiré, le spectacle de tant de malheurs ne vient pas du moins aflliger tes yeux.

Charles.