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et se mit à improviser une sublime mélodie conduite avec sagesse et harmonisée sans prétention symétrique, mais toute en rapport avec le mode principal.

— Ce que vous venez de faire n’a pas le sens commun ; vous n’avez pas la moindre idée, lui dit assez durement Pistochi.

— Gateano Greco m’avait pourtant dit…

— Que vous aviez du talent, répondit brusquement Pistochi.

— Et je soutiens mon assertion, reprit le directeur, qui depuis quelque temps était dans la salle, quand je n’en aurais pour preuve que la belle improvisation qu’il vient de faire. J’ai tout entendu. Il est vrai qu’il n’a pas fait un lourd et ennuyeux contre-point. Il est vrai qu’il n’a pas décoloré la pure mélodie que vous lui aviez donnée pour thème. Que voulez-vous ? C’est un élève de la nature ; on lui a dit de chanter comme chante l’oiseau quand il bénit Dieu ; et il a laissé son cœur s’exhaler en hymnes sacrées. Nous ne sommes pas habitués à cela nous autres, et cependant j’avoue que je commence à être favorable à cette nouvelle école. Je commence à croire que la vérité se retrouve. Pistochi ne répondit rien, dominé par l’immense réputation de Gateano ; il cacha au fond de son cœur la rage intérieure qu’il avait éprouvée en se voyant condamner devant un élève. Le lendemain, Giovanni, interrogé par Logroscino, lui raconta naïvement cette aventure ; et lorsqu’il arriva à la mystification du surveillant, des bravos unanimes couvrirent sa voix.

— Je vais aller lui demander l’Ave Maris Stella à traiter en contre-point double ; vous allez voir sa figure ; et le malicieux Logroscino se rendit auprès de Pistochi.

— Signor, je viens vous prier de me donner un conseil