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permettra de cueillir ces premières palmes, du fond de cette retraite. La noble émulation vous fera espérer des lauriers plus durables, et tous les six mois un concours est ouvert en ces lieux ; et tous les six mois vous verrez ducs, comtes et princes, applaudir au triomphe du vainqueur : cela n’a-t-il pas son charme, Giovanni ? Ne serez-vous pas heureux quand la duchesse de Manfredonia ou sa fille poseront sur votre front le diadême du génie ?…

L’essaim nombreux des écoliers qui venaient prendre un instant de liberté, interrompit le directeur ; il présenta aux élèves leur nouveau condisciple.

— Il arrive de la montagne et n’a jamais habité les villes ; mais il est digne d’être avec vous. Je te le recommande, Logroscino.

— Maître, qu’il soit le bien venu, répondit l’interpellé, qui était une de ces figures heureuses, pleine d’insouciance et de gaîté.

— Votre main, camarade, dit-il au jeune Calabrais, et croyez à mon amitié. Je n’en dirais pas autant à tout nouvel arrivant, ni même à ce vieux hibou que vous voyez là-bas et qu’on appelle pour notre malheur Pistochi, surveillant et répétiteur du Conservatoire, vieil âne entêté, vieux mannequin où s’est logée la science et non l’esprit. Regardez comme il vous lorgne : je gage qu’avant deux jours, il vous aura dit : « J’espère, jeune homme, que vous ne suivrez pas les mauvais principes de quelques fous, qui ne veulent pas écouter mes conseils. » Ces fous, j’en suis le plus grand ; il me déteste, parce que je le contrarie ; je dirais plus, il me hait, parce que je ne veux pas voir comme lui ; et sans le maître, je serais chassé du Conservatoire. Je vous dis toutes ces choses afin que vous soyez des nôtres, Je vais vous pré-