Page:La Variété, revue littéraire, 1840-1841.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 210 —

qui lui étaient ouvertes. Où se trouvait alors la mélodie ? Dans les canzonnes que murmuraient les pauvres pâtres ; dans les barcarolles que chantaient les gondoliers. L’art qui sait émouvoir était dans les cœurs qui savent être émus, chez le peuple ; il était dans les passions humaines qui allaient enfin être traduites. Pergolèse n’était pas loin, et l’orphelin de Cassoria, en entrant au Conservatoire des pauvres de Jésus-Christ, allait apprendre par lui-même combien sont fausses ces observances d’école, qui veulent enchaîner la pensée et s’opposer à son émancipation.

Le prince Stigliano, après avoir fait inscrire Giovanni au nombre des élèves, lui fit entendre qu’il fallait qu’il eût à renoncer à toute espérance de voir la famille de Manfredonia.

— Le directeur n’accorde jamais de sorties, et s’il arrivait à n’importe qui d’enfreindre cette règle, il serait chassé sur-le-champ et conduit aux prisons civiles. Après lui avoir fait plusieurs autres recommandations, il le quitta pour aller se rendre auprès de sa Majesté.

— Allez attendre la récréation dans cette enceinte, lui dit un des surveillants ; et Giovanni se rendit dans une grande cour où les élèves venaient se récréer ; là, il s’assit sous de beaux arbres et se mit à examiner les objets qui l’entouraient ; il voyait de loin les hauteurs du Vésuve, qui, gris et noirâtre sous le soleil s’illuminait à l’approche de l’ombre. Le directeur qu’il connaissait déjà pour l’avoir vu chez le duc, père de Cécilia, vint à lui.

— Vous voilà parmi nous, mon jeune ami ? Les premiers jours vous sembleront durs, le travail vous consolera de la perte de votre liberté, et puis nous avons aussi nos joies. Vous trouverez des plaisirs qui vous étaient inconnus ; la gloire vous