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fance du cœur, d’autres cultures viennent satisfaire à ces nouveaux besoins ; les raffinements et les délicatesses de la forme se substituent aux nobles grandeurs de l’art, la coquetterie et la mignardise voilent de leurs parures brillantes ; il est vrai, la pudique nudité de la pensée humaine. Cela se trouve chez toutes les civilisations : le vrai culte est-il détruit, les faux dieux ont-ils remplacé Jéhova ? Non ! Qu’Israël danse autour de l’idole, L’homme du Sinaï descendra le front sillonné d’éclairs. On a beau vouloir imposer ce qui n’est pas l’exacte vérité, toujours le mensonge se découvre, et nous sommes obligés de le dire, la musique, quand elle quitta la véritable inspiration, quand elle se réfügia dans les spéculations du chiffre, la musique ne fut plus dans le vrai, Le Christianisme à qui l’on doit tout et qui savait adopter tout ce qui était grand, même dans le monde païen ; le Christianisme avait reçu dans son sein la favorite de Néron. La muse idolâtre, en recevant le baptême, se purifia de ses erreurs, et les mélodies dont elle inspira ses glorieux adeptes, prouvent qu’elle était à la hauteur de son sublime apostolat. Mais avec l’introduction de l’orgue naquit le discant. On était alors en plein moyen-âge, et dans l’admiration que procura la nouvelle découverte, on rejeta avec dédain ce qui devait cependant lui survivre. Des hommes haut placés dans la science trouvèrent que cela devait être le beau dans toute son essence, et les lourdes et grossières harmonies du contre-point firent dédaigner les larges et splendides mélodies de l’Orient. Voilà l’état où se trouvait la musique lettrée, en 1529, lorsqu’il naquit à Prenestre un jeune homme qui devait y apporter remède. On le voit, il vint à époque fixe ; il répondit au défi que le bon goût de l’antiquité portait aux triviales et grotesques productions d’alors. Fut-il le digne émule des grands artistes dont