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reproche à la suite des Mémoires d’un Sans-culotte bas-breton, par M. E. Souvestre. Les deux premiers volumes qui déjà en ont été publiés, ont révélé un noble et beau livre, écrit avec énergie et avec sagesse, et bien digne en un mot de continuer la réputation de son auteur. — Les Secrets de famille, de M. Alphonse Brot, le spirituel narrateur des Folles Amours et de la Comtesse aux trois Galants ; l’Esclave des Galères, de M. A. de Kermainguy, et plusieurs autres ouvrages de nos premiers romanciers, ont été, ces derniers mois, l’événement le plus saillant de la librairie parisienne, si ce n’est une découverte inattendue que voici : Les vers suivants ont été retrouvés dans les papiers de Lacenaire, et sont adressés à Mme N. de *** :


Être divin, beauté touchante et pure
Que je rêvais dès mes plus jeunes ans,
Qui que tu sois, esprit ou créature,
Prête l’oreille à ces derniers accents !
Sur les rescifs d’une mer agitée
Tu m’as guidé, phare mystérieux :
Je vois le port, et mon âme enchantée
Ira bientôt t’attendre dans les cieux.


Je te cherchais sous les brillants portiques
Où vont ramper les séides des rois :
Je te cherchais sous les chaumes rustiques,
Ton ombre seule apparut à ma voix.
Peut-être, hélas ! mon œil trop faible encore,
Soutiendrait mal ton éclat radieux.
Veille sur moi, sylphide que j’adore,
Vierge immortelle, attends-moi dans les cieux !


Je te rêvais au matin de la vie,
Le front paré de riantes couleurs :
Pauvre et souffrant dans ma longue insomnie,
Je te rêvais plus belle dans les pleurs
Mais de la mort j’entends la voix sévère ;
Elle a brisé le prisme gracieux…
Je n’ai plus rien qui m’attache à la terre,
Vierge inmortelle, attends-moi dans les cieux !