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L’éternelle splendeur de son front dévasté,
Roi des déserts glacés et de l’immensité.
Sur l’horizon dormant un solennel silence
Des hautes profondeurs abaisse une aile immense ;
Et quittant à regret l’abscurité des cieux,
Quelques aigles parfois planent silencieux ;
Mais ils plongent bientôt en spirales pressées,
Et se perdent ainsi que de grandes pensées.

Maintenant que la nuit couvre le mont géant,
Tu veilles sur le bord du cratère béant !
Sans que ton front superbe entre tes mains se penche,
Ô Lélia ! debout, tu restes seule et blanche,
Comme un esprit déchu qui tourne encor les yeux
Vers l’espace étoilé, son berceau radieux !
Tandis que ta pensée où ton rêve s’allume
À de profonds regrets mêle son amertume.
— Ô femme ! les vivants, du silence effrayés,
Ont fermé la paupière et dorment sous tes pieds !
Le vent ne trouble plus cette heure solennelle,
L’aigle prend ses petits à l’ombre de son aile,
Le monde est recueilli sous la voûte de feu…
Ô femme ! que fais-tu, seule, en face de Dieu ?…
Ce rayon immortel, la sereine prière
N’éclot point sur ta lèvre et ton cœur est de pierre !
Si ton regard s’élève à l’horizon divin,
Il ternit sa lumière à l’ombre du dédain ;
Car tes dieux ne sont plus l’amour et l’harmonie :