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§ II. — Explications canoniques et autres des divers membres de la chaîne causale.




La liste ne s’est pas établie sans flottements ; chacun de ses membres a donné lieu à de nombreuses variations et explications que nous allons passer en revue, sans prétendre, d’ailleurs, être complet.


1. Avidyā, ignorance, nescience[1].

Rien ne permet de reconnaître à l’avidyā des bouddhistes un caractère cosmique et métaphysique : c’est un facteur psychologique, l’état de celui qui est ignorant (« l’ignorant fait upadhi », Suttan., 728, Teragāthā, 152) — De quoi est cette ignorance ? De la vérité de salut, des vérités bouddhiques, de la vérité (tattve ’pratipatti)[2] dont la scolastique a peu à peu déterminé l’essentiel.

1. L’ignorance est l’ignorance des quatre nobles vérités (Dīgha, II, p. 90 ; Suttan., 724 ; Saṃ., v, 439, comp. M. Vagga, vi, 29, [SBE xvii, p. 104], Vibhaṅga, p. 135, Nettip., 28) ; l’ignorance de l’origine et de la disparition des skandhas (Saṃ., iii, 162, 171) ; la confusion qui fait voir une « chose en soi », un « self », et une chose heureuse dans ce qui est privé de soi (anattani) et doulou-

  1. Sur l’avidyā dans le Vedānta, le Yoga, le Sāṃkhya, voir par exemple Yogasūtra, ii, 5, 24, trad. de Rajendralāl Mitra (Calcutta 1883), Sāṃkhya-pravacanabhāṣya, iii, 24, 37, trad. de Garbe (Leipzig, 1889) ; — Explication du mot avidyā, Sarvadarśana, trad. de Cowell, p. 250 (1882) ; une bonne définition. p. 167 (Calcutta, 1858), JRAS. 1900, p. 797 ; SBE xxxix, p. 404. — Étymologie bouddhique (nihiliste), Aṣṭasāhasrikā, p. 15, Burnouf, Introduction, p. 507.
  2. Śālistamba apud Madhyamakavŗtti, p. 564.