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Chap. XXVI, 24.
Chap. XXVII, 16.
ACTES DES APÔTRES.

la lumière au peuple et aux Gentils…”

24Comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix : “Tu déraisonnes, Paul ; ton grand savoir égare ton esprit.” 25“Je ne déraisonne pas, très excellent Festus, répondit Paul ; je parle le langage de la vérité et de la sagesse. 26Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement, persuadé qu’il n’en ignore aucune ; car rien de tout cela ne s’est passé dans un coin.[1] 27Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ? Je sais que tu y crois.” 28Agrippa dit à Paul : “Peu s’en faut que tu ne me persuades de devenir chrétien.” — 29“Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup, repartit Paul, plût à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent en ce moment, vous fussiez tels que je suis, à l’exception de ces chaînes !”

30Alors le roi se leva, et avec lui le gouverneur, Bérénice et toute leur suite. 31S’étant retirés, ils se disaient les uns aux autres : “Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison.”

32Et Agrippa dit à Festus : “On pourrait le relâcher, s’il n’en avait pas appelé à César.”[2]



C. — S. Paul est envoyé à Rome.

[XXVII — XXVIII, 11.]
1. De Césarée à l’île de Crète par Sidon, Myre et Bons-Ports (1-12). Tempête (13-26). Échouage (27-44).

Lorsqu’il eut été décidé que nous irions par mer en Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion nommé Julius, de la cohorte Augusta.[3] 2Nous montâmes sur un vaisseau d’Adramytte qui devait longer les côtes de l’Asie, et nous levâmes l’ancre, ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique.

3Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon ; et Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d’aller chez ses amis et de recevoir leurs soins. 4Étant partis de là, nous côtoyâmes l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. 5Après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous arrivâmes à Myre, en Lycie.[4] 6Le centurion y ayant trouvé un navire d’Alexandrie qui faisait voile pour l’Italie, il nous y fit monter.

7Pendant plusieurs jours nous navigâmes lentement, et ce ne fut pas sans difficulté que nous arrivâmes à la hauteur de Cnide, où le vent ne nous permit pas d’aborder. Nous passâmes au-dessous de l’île de Crète, du côté de Salmoné, 8et longeant la côte avec peine, nous arrivâmes à un lieu nommé Bons-Ports, près duquel était la ville de Laséa.[5]

9Un temps assez long s’était écoulé et la navigation devenait dangereuse, car l’époque du jeûne était déjà passée. Paul fit des représentations à l’équipage :[6]

10“Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation ne pourra se faire sans danger et sans de graves dommages, non seulement pour la cargaison et le navire, mais encore pour nos personnes.” 11Mais le centurion avait plus de confiance en ce que disait le pilote et le patron du navire, que dans les paroles de Paul. 12Et comme le port n’était pas bon pour hiverner, la plupart furent d’avis de reprendre la mer et de tâcher d’atteindre, pour y passer l’hiver, Phénice, port de Crète qui regarde l’Africus et le Corus.

13Un léger vent du sud vint à souffler ; se croyant maîtres d’exécuter leur dessein, ils levèrent l’ancre et rasèrent plus près les côtes de Crète.[7] 14Mais bientôt un vent impétueux, nommé Euraquilon,[8] se déchaîna sur l’île. 15Le navire fut entraîné, sans pouvoir lutter contre l’ouragan,[9] et nous nous laissâmes aller à la dérive.

16Nous passâmes rapidement au-dessous

    prophètes et annoncées par les Apôtres, étaient mises en question par les Juifs, Paul se sert de la particule si, qui constate cette situation.

  1. 26. Dans un coin, c’est-à-dire en secret, en cachette.
  2. 32. L’appel à César une fois admis, le tribunal inférieur dont on avait appelé n’avait plus juridiction pour condamner ou pour absoudre.
  3. XXVII, 1. La cohorte Augusta : on désigne par là probablement le corps d’élite qui sous le nom d’Evocati Augusti, avait dans son service, pour objet spécial, les affaires plutôt administratives que militaires concernant l’empereur.
  4. 5. La Vulgate, et les mss. Sinaiticus et Alexandrinus portent Lystres ; mais Myre est la vraie leçon.
  5. 8. Laséa ou Alassa. Vulgate : Thalassa.
  6. 9. Du jeûne du Pardon (Kippour), ou de la fête des Expiations, qui avait lieu le 10 du mois de Tischri, fin de Septembre. Passé cette date, les voyages maritimes devenaient dangereux ; on fermait alors la navigation, pour la rouvrir au mois de mars.
  7. 13. De plus près : la Vulgate a pris le grec ἆσσον pour un nom propre de ville et a traduit : Ils levèrent l’ancre d’Asson, et côtoyèrent la Crète.
  8. 14. Vent de l’est-nord-est.
  9. 15. Sans pouvoir lutter, litt. regarder en face, ἀντοφθαλμεῖν.