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Chap. XXII, 13.
Chap. XXIII, 6.
ACTES DES APÔTRES.

était composée de Sadducéens et l’autre de Pharisiens, s’écria dans le Sanhédrin : “Mes frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens ; c’est à cause de l’espérance en la résurrection des morts que je suis mis en jugement.” 7Dès qu’il eut prononcé ces paroles, il s’éleva une discussion entre les Pharisiens et les Sadducéens, et l’assemblée se divisa. 8Car les Sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, ni d’ange et d’esprit, tandis que les Pharisiens affirment l’un et l’autre. 9Il y eut donc une bruyante agitation, et quelques Scribes du parti des Pharisiens, s’étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent : “Nous ne trouvons rien à reprendre en cet homme ; si un esprit ou un ange lui avait parlé ?…” 10Comme la discorde allait croissant, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, ordonna à des soldats de descendre pour l’enlever du milieu d’eux et de le ramener dans la forteresse.

11La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit : “Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage dans Rome.”

12Dès que le jour parut, les Juifs ourdirent un complot et jurèrent avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire jusqu’à ce qu’ils eussent tué Paul. 13Il y en avait plus de quarante qui s’étaient engagés dans cette conjuration. 14Ils allèrent trouver le prince des prêtres et les Anciens et dirent : “Nous avons solennellement juré de ne prendre aucune nourriture que nous n’ayons tué Paul. 15Vous donc, maintenant, adressez-vous avec le Sanhédrin au tribun, pour qu’il l’amène devant vous, comme si vous vouliez examiner plus à fond sa cause ; et nous, nous sommes prêts à le tuer pendant le trajet.”

16Le fils de la sœur de Paul ayant eu connaissance du complot, accourut à la forteresse et en donna avis à Paul.[1] 17Celui-ci appela un des centurions et lui dit : “Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui révéler.” 18Le centurion, prenant le jeune homme avec lui, le mena au tribun et dit : “Le prisonnier Paul m’a prié de t’amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire.” 19Le tribun le prit par la main, et l’ayant tiré à part, il lui demanda : “Qu’as-tu à me communiquer ?” 20Il répondit : “Les Juifs sont convenus de te prier de faire demain comparaître Paul devant le Sanhédrin, sous le prétexte d’examiner plus à fond sa cause. 21Ne les écoute pas, car plus de quarante d’entre eux lui dressent des embûches, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux-mêmes, à ne manger ni boire avant qu’ils ne l’aient tué. Ils sont tout prêts et n’attendent que ton ordre.” 22Le tribun renvoya ce jeune homme, après lui avoir recommandé de ne dire à personne qu’il lui avait fait ce rapport.

23Et ayant appelé deux centurions, il leur dit : “Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit,[2] deux cents soldats avec soixante-dix cavaliers et deux cents lanciers, pour aller jusqu’à Césarée. 24Préparez aussi des chevaux pour y faire monter Paul, afin de le conduire sain et sauf au gouverneur Félix.”[3] 25Il avait écrit une lettre ainsi conçue :

26“Claude Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut. 27Les Juifs s’étaient saisis de cet homme et allaient le tuer, lorsque je survins avec des soldats et l’arrachai de leurs mains, ayant appris qu’il était Romain.[4]

28Voulant savoir de quel crime ils l’accusaient, je le menai devant

    notre espérance commune en la résurrection des morts. La conjonction et, καὶ, paraît avoir ici un sens explicatif. — D’autres : à cause de mon espérance au Messie promis à nos pères.

  1. 16. C’est ici le seul endroit où l’écrivain sacré fasse mention d’une sœur et d’un neveu de l’Apôtre. Sa sœur habitait-elle Jérusalem et son neveu était-il venu s’y établir, pour y faire ses études, ou y avait-il été seulement amené par le désir de prendre part aux fêtes ? On l’ignore.
  2. 23. Troisième heure de la nuit, 9 heures du soir. — δεξιαλάβους littér. : ceux qui prennent la main droite ; Vulgate, lancearii, lanciers. Expression presque inconnue à l’ancienne littérature grecque, ce terme paraît désigner “ces hommes de police qui servaient à garder des prisonniers rivés à eux au moyen d’une chaîne allant de la main droite du captif à la main gauche de son gardien.” Selon quelques commentateurs, cette expression signifierait : ceux qui tiennent avec la main droite, c’est-à-dire des hommes ou des soldats armés de frondes, de lances ou de javelots. — À Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain.
  3. 24. Préparez aussi des chevaux : Paul devait en changer pour aller plus vite. — Félix, affranchi de Claude et frère de Pallas, le célèbre favori de Néron. Il avait été nommé, en 52, procurateur de la Judée. (Voy. Tacite, Hist. v, 9 ; Josèphe, Ant. xviii, 6, 6 ; xx, 8, 5. Guerre des Juifs, ii, 13, 2). — La Vulgate ajoute : Car le tribun craignait que les Juifs ne l’enlevassent et ne le missent à mort, et qu’ensuite on ne l’accusât lui-même d’avoir reçu de l’argent. Ce passage manque dans les manuscrits grecs (sauf le cursif 137) et dans les meilleurs de la Vulgate.
  4. 27. Lysias altère ici la vérité à son profit et dissimule habilement ses torts envers S. Paul. Voy. la fin du chap. xxii.