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Chap. XXII, 13.
Chap. XXIII, 6.
ACTES DES APÔTRES.

Loi, nommé Ananie, et de qui tous les Juifs de la ville rendaient un bon témoignage, 13vint me voir, et s’étant approché de moi, me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Et au même instant je le vis. 14Il dit alors : Le Dieu de nos pères t’a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et entendre les paroles de sa bouche.[1] 15Car tu lui serviras de témoin, devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues. 16Et maintenant que tardes-tu ? Lève-toi, reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés, en invoquant son nom. — 17De retour à Jérusalem, comme je priais dans le temple, il m’arriva d’être ravi en esprit,[2] 18et je vis le Seigneur qui me disait : Hâte-toi et sors au plus tôt de Jérusalem, parce qu’on n’y recevra pas le témoignage que tu rendras de moi. — 19Seigneur, répondis-je, ils savent eux-mêmes que je faisais mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en vous, 20et lorsqu’on répandit le sang d’Étienne, votre témoin, j’étais moi-même présent, joignant mon approbation à celle des autres et gardant les vêtements de ceux qui le lapidaient. 21Alors il me dit : Va, c’est aux nations lointaines que je veux t’envoyer.”

22Les Juifs l’avaient écouté jusqu’à ces mots ; ils élevèrent alors la voix, en disant : “Ote de la terre un pareil homme ; il n’est pas digne de vivre.” 23Et comme ils poussaient de grands cris, jetant leurs manteaux et lançant de la poussière en l’air,[3] 24le tribun ordonna de faire entrer Paul dans la forteresse et de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. 25Déjà les soldats l’avaient lié avec les courroies,[4] lorsque Paul dit au centurion qui était là : “Vous est-il permis de flageller un citoyen romain, qui n’est pas même condamné ?” 26À ces mots, le centurion alla trouver le tribun pour l’avertir, et lui dit : “Que vas-tu faire ? Cet homme est citoyen romain.” 27Le tribun vint et dit à Paul : “Dis-moi, es-tu citoyen romain ?” “Oui,” répondit-il ; 28et le tribun repris : “Moi, j’ai acheté bien cher ce droit de cité.” — “Et moi, dit Paul, je l’ai par ma naissance.” 29Aussitôt ceux qui se disposaient à lui donner la question se retirèrent ; et le tribun aussi eut peur, quand il sut que Paul était citoyen romain et qu’il l’avait fait lier.

3. Paul devant le Sanhédrin (xxii, 30 — xxiii, 10). Jésus lui apparaît pour le réconforter (11). Complot des Juifs contre sa vie (12-15). Le neveu de l’Apôtre fait échouer le complot (16-22). Paul est transféré à Césarée (23-25).

30Le lendemain, voulant savoir exactement de quoi les Juifs l’accusaient, il lui fit ôter ses liens, et donna l’ordre aux princes des prêtres et à tout le Sanhédrin de se réunir ; puis, ayant fait descendre Paul, il le plaça au milieu d’eux.


Paul, les regards fixés sur le Sanhédrin, dit : “Mes frères, je me suis conduit devant Dieu jusqu’à ce jour dans toute la droiture d’une bonne conscience…” 2Le grand prêtre Ananie ordonna à ses satellites de le frapper sur la bouche.[5] 3Alors Paul lui dit : “Certainement, Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu sièges ici pour me juger selon la Loi, et, au mépris de la Loi, tu ordonnes qu’on me frappe !” 4Les assistants dirent : “Tu outrages le grand-prêtre de Dieu !”[6] 5Paul répondit : “Je ne savais pas, mes frères, qu’il fût grand-prêtre ; car il est écrit : Tu ne proféreras pas d’injure contre un chef de ton peuple.”[7]

6Paul, sachant qu’une partie de l’assemblée[8]
  1. 14. Le Juste par excellence, expression consacrée dans l’Ancien Testament pour désigner le Messie. (Voy. par ex. Is. li, 5 ; liii, 11 ; comp. Act. vii, 52.)
  2. 17-21. Dans ce passage de son discours, S. Paul veut justifier la préférence qu’il a accordée dans ses travaux apostoliques au peuple des Gentils. S’il a surtout évangélisé les nations idolâtres c’est que le Seigneur lui en avait, à diverses reprises, intimé l’ordre.
  3. 23. Lançant de la poussière en l’air : en signe d’indignation et de douleur. (Comp. Job. ii, 12 ; Ezéch. xxiii, 30).
  4. 25. Les soldats l’avaient lié : litt. l’avaient courbé en avant avec les lanières, pour l’attacher à la colonne basse qui servait à la flagellation.
  5. XXIII, 2. Josèphe, en effet, nous le dépeint comme un pontife qui, durant les douze années de son pontificat (de l’an 47 à l’an 59 ap. J.-C.), se rendit tristement fameux par son avarice, ses débauches et sa férocité (Voy. Ant. xx, 5, 2 ; xx, 6, 2 ; Guerre des Juifs, ii, 12, 6). — Dieu te frappera. Et de fait, quelque temps après cette prédiction, en septembre de l’an 66, Ananie fut tué par l’épée d’un de ses ennemis. (Voy. Josèphe, Guerre des Juifs, xvii, 4 ; S. Grég. Moral. vii, 15).
  6. 4. S. Paul absent depuis de longues années de Jérusalem ne connaissait pas de vue le grand prêtre alors en charge. Du reste ses yeux malades et affaiblis ne lui permettaient guère de reconnaître les insignes extérieurs qui probablement distinguaient le grand-prêtre des autres membres du Sanhédrin.
  7. 5. Exod. xxii, 28.
  8. 6. C’est à cause de notre espérance et de la résurrection des morts, c’est-à-dire à cause de