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Chap. XXI, 28.
Chap. XXII, 12.
ACTES DES APÔTRES.

la main sur lui, en criant : 28“Enfants d’Israël, au secours ! Voici l’homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la Loi et contre ce lieu ; il a même introduit des païens dans le temple[1] et a profané ce saint lieu.” 29Car ils avaient vu auparavant Trophime d’Éphèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l’avait fait entrer dans le temple. 30Aussitôt toute la ville fut en émoi, et le peuple accourut de toute part ; on se saisit de Paul et on l’entraîna hors du temple, dont les portes furent immédiatement fermées.

31Pendant qu’ils cherchaient à le tuer, la nouvelle arriva au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion.[2] 32Il prit à l’instant des soldats et des centurions, et accourut à eux. À la vue du tribun et des soldats, ils cessèrent de frapper Paul. 33Alors le tribun s’approchant, se saisit de lui et le fit lier de deux chaînes ; puis il demanda qui il était et ce qu’il avait fait. 34Mais, dans cette foule, les uns criaient une chose, les autres une autre. Ne pouvant donc rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il ordonna de l’emmener dans la forteresse. 35Lorsque Paul fut sur les degrés, il dut être porté par les soldats, à cause de la violence de la multitude. 36Car le peuple suivait en foule en criant : “Fais-le mourir.”

37Au moment d’être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun : “M’est-il permis de te dire quelque chose ? — “Tu sais le grec ? répondit le tribun. 38Tu n’es donc pas l’Égyptien qui s’est révolté dernièrement et qui a emmené au désert quatre mille sicaires ?”[3] 39Paul lui dit : “Je suis Juif, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans renom. Je t’en prie, permets-moi de parler au peuple.” 40Le tribun le lui ayant permis, Paul debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple. Un profond silence s’établit, et Paul, s’exprimant en langue hébraïque, leur parla ainsi :


2. Chap. XXII, 1-29 : Discours de S. Paul à la multitude ameutée contre lui ; a) Son zèle pour le Judaïsme avant sa conversion (1-5). — b) Sa conversion (6-16). — c) Comment il reçut la mission d’annoncer l’Évangile aux Gentils (17-21). — Sur le point d’être battu de verges, il se déclare citoyen romain (22-29).

“Mes frères et mes pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense.” — 2Dès qu’ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence. 3Et Paul dit : “Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette ville et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la Loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui.[4] 4C’est moi qui ai persécuté cette secte jusqu’à la mort, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes : 5le grand-prêtre et tous les Anciens m’en sont témoins. Ayant même reçu d’eux des lettres pour les frères, je partis pour Damas afin d’amener enchaînés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là, et de les faire punir. 6Mais comme j’étais en chemin, et déjà près de Damas, tout à coup, vers midi, une vive lumière venant du ciel resplendit autour de moi.[5] 7Je tombai par terre, et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 8Je répondis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. 9Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait.[6] 10Alors je dis : Que dois-je faire, Seigneur ? Et le Seigneur me répondit : Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire. 11Et comme par suite de l’éclat de cette lumière je ne voyais plus, ceux qui étaient avec moi me prirent par la main, et j’arrivai à Damas.

12Or un homme pieux selon la
  1. 28. Dans le temple, dans le parvis des Juifs. Le temple formait, au temps de N.-S., une surface rectangulaire bordée de magnifiques portiques. Ces galeries extérieures étaient ouvertes à tout le monde, Juifs et Gentils. Mais les Juifs seuls pouvaient pénétrer au delà ; une barrière ou balustrade entourait cette seconde enceinte, que les païens ne pouvaient franchir sous peine de mort. Des stèles placées de distance en distance et portant des inscriptions en grec et en latin, promulguaient cette défense. (Voy. Josèphe, Ant. xv, 11, 5.)
  2. 31. Ce tribun était Lysias (xxiii, 26).
  3. 38. Sur cet égyptien et ses entreprises, Josèphe nous a laissé d’assez amples renseignements (Ant. xx, 8, 6 ; Guerre des Juifs, ii, 13, 5.)
  4. XXII, 3. Voy. vers. 34.
  5. 6. À la narration généralement plus complète de S. Luc, Act. xi, 3 sv., l’Apôtre ajoute cependant quelques détails nouveaux, à cause sans doute des circonstances où il se trouve maintenant, et pour que ses auditeurs sachent bien qu’il n’a pas été le jouet d’une illusion. Ainsi il prend soin de faire observer que l’apparition eut lieu en plein jour “vers midi” (vers. 6) ; il rapporte plusieurs paroles d’Ananie (vers. 14-16), et l’avertissement que lui donna Jésus lui-même (vers. 18).
  6. 9. N’entendirent pas la voix de manière à comprendre les paroles. Voy. la note de ix, 7.