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me trouverait pas assez éloquent, je pense, et je crois que je n’insisterais pas longtemps en faveur d’une compensation.

Ölvir reprit : « Il n’est pas nécessaire que tu insistes. Nous parlerons tous en ta faveur, le mieux que nous pourrons. »

Et comme Ölvir persistait dans ses exhortations, Grim promit de faire le voyage, et il s’occupa de ses préparatifs de départ. On se mit d’accord sur l’époque à laquelle Grim se rendrait à la cour du roi. Aussitôt Ölvir repartit et s’en retourna auprès du roi.

25.

Skallagrim chez le roi Harald.

Skallagrim prit ses dispositions en vue du voyage dont il a été question plus haut. Parmi les personnes de sa maison et parmi ses voisins, il choisit les plus remarquables par la force et les plus vaillants parmi ceux qui étaient présents. Il y en avait un qui s’appelait Ani ; c’était un riche propriétaire. Un autre s’appelait Grani ; le troisième, Grimolf. Celui-ci et son frère Grim étaient des familiers de Skallagrim. Il y avait aussi les deux frères Thorbjörn Krumm et Thord Beigaldi. Ceux-ci étaient appelés « fils de Thorörna », du nom de leur mère[1] qui habitait non loin de la demeure de Skallagrim et qui était experte en magie[2]. Beigaldi était un « mangeur de charbon[3] ». Il y

  1. Exceptionnellement, surtout en cas de mort prématurée du père, les enfants ajoutaient à leurs noms celui de leur mère. Cf. les fils de Hildirid (ch. 7).
  2. Il n’est peut-être pas une œuvre, dans l’ancienne littérature scandinave, qui n’atteste la croyance, profondément enracinée au sein du peuple, aux effets surnaturels de la magie. Cet art était exercé de préférence par les femmes. Les magiciennes prétendaient commander aux phénomènes de la nature ; elles possédaient la faculté de se métamorphoser et on les redoutait comme les provocatrices des pires catastrophes.
  3. Ce terme servait à désigner les jeunes gens qui gaspillaient leur temps au coin du foyer, inactifs et sans goût pour les travaux comme pour les voyages. Ils passaient pour simples d’esprit. Parfois cependant et les exemples abondent dans les anciens récits leur énergie, secouée par un événement imprévu ou brutal, se réveillait ; ils sortaient de leur torpeur et commençaient une existence marquée des plus beaux exploits.