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ainsi qu’à tous les autres qui sont tombés ici, et donnez-leur la sépulture. Quant à ceux dont il y a espoir de sauver la vie, faites panser leurs blessures. Il ne faut pas piller ces lieux, attendu que tout cela est mon bien. » Là-dessus il descendit vers son bateau, et avec lui la plupart de ses guerriers. Arrivés au bateau, ils se mirent en devoir de panser leurs blessures. Le roi circulait, examinant l’état de ses gens ; il remarqua que l’un d’eux soignait une blessure du muscle[1], et il dit : « Ce n’est pas Thorolf qui a porté ce coup ; son arme mordait d’une tout autre manière ; il y en a peu, je crois, qui pansent des blessures faites par lui, et c’est grand dommage pour de pareils hommes. »

Dès l’aube le roi fit hisser les voiles et cingla en toute hâte vers le Sud. Dans la soirée on trouva dans les détroits des îles une quantité de bateaux à rames dont les équipages s’étaient proposé de rejoindre Thorolf. Les espions de celui-ci, en effet, s’étaient répandus dans le Sud à travers le Naumudal et au loin dans les îles. Ils étaient parvenus à savoir que Hallvard et son frère étaient arrivés du Sud avec de fortes troupes pour se joindre à Thorolf. Or, Hallvard et les siens avaient eu continuellement un vent contraire. Ils s’étaient arrêtés dans différents ports jusqu’au jour où le bruit de leur arrivée se répandit dans le pays et que les espions de Thorolf en eurent connaissance. Telle était la cause de ces attroupements. Harald fit force de voiles. À Naumudal, il abandonna son bateau et se rendit par terre à Thrandheim. Là il reprit les bateaux qu’il y avait laissés et dirigea ses troupes sur Hladir. La nouvelle de son approche fut bientôt connue. Hallvard et son frère quittèrent leur retraite et revinrent auprès du roi. Leur voyage apparut plutôt ridicule.

Les frères Ölvir Hnufa et Eyvind Lambi séjournèrent quelque temps à Sandnes, occupés du soin d’enterrer ceux qui y avaient succombé. Ils ensevelirent le corps de Thorolf selon les traditions et comme l’usage voulait que l’on inhumât les personnages distingués, et dressèrent sur sa tombe des pierres commémoratives[2]. Ils firent guérir les malades et installèrent Sigrid

  1. C’est-à-dire une blessure peu grave ; pour cette raison même, le roi se refusait de l’attribuer à Thorolf, qui ne frappait que des coups mortels.
  2. C’étaient de grosses pierres taillées en forme d’obélisque, sans