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toutes les îles et à une distance telle que l’on ne distinguait plus que la moitié supérieure des montagnes. Il continua sa route vers le Sud, le long de la côte, et n’eut des nouvelles de personne avant d’arriver à Vik, dans l’Est. Là ils apprirent que le roi Harald séjournait à Vik et qu’il se proposait de gagner les « Hautes-Terres » dans le courant de l’été. Les habitants du pays ne savaient rien du voyage de Thorolf. Le temps étant favorable, il s’avança vers le Sud, jusqu’au Danemark, et de là vers Austrveg[1] où, durant l’été, il ravagea les terres, sans toutefois faire un butin considérable. En automne il revint au Danemark, au moment où la flotte d’Eyr[2] se dispersait. Il y avait eu là, comme d’habitude, pendant l’été, une foule de bâtiments norvégiens. Thorolf laissa passer toute cette troupe sans trahir sa présence. Un beau soir il pénétra dans le Mostrarsund. Dans ce port était amarré un grand bateau marchand, venu de Eyr et commandé par un homme du nom de Thorir Thruma, intendant[3] du roi Harald et administrateur de la ferme royale de Thruina. C’était là une vaste propriété. Le roi y séjournait longtemps, quand il venait à Vik, et l’on y avait besoin d’une grande quantité de provisions. Aussi Thorir s’était rendu à Fyr dans le but d’acheter une cargaison : du malt, du froment et du miel, et il y avait dépensé beaucoup d’argent de la caisse royale. La troupe de Thorolf s’approcha du bateau, sans enlever à Thorir et aux siens la possibilité de se défendre ; mais comme ceux-ci n’avaient pas de forces suffisantes pour résister aux nombreux partisans de Thorolf, ils se rendirent. Celui-ci s’empara du bateau et de toute la cargaison, et déposa Thorir dans une île. Ensuite il dirigea les deux embarcations vers le Nord en suivant la côte. Arrivé devant le Elf[4], il fit halte et attendit la nuit. À la faveur

  1. Austrveg est l’appellation générale des régions situées à l’est (austr) de la Suède, de l’autre côté de la Baltique : Finlande, Esthonie, Livonie, Courlande.
  2. C’est-à-dire les nombreux bateaux de commerce qui, tous les ans, à époque fixe, se trouvaient rassemblés à Eyr, localité danoise dont l’emplacement n’a pu être fixé avec certitude.
  3. Ces intendants administraient les domaines royaux et veillaient à la perception des revenus du roi dont ils géraient les intérêts pécuniaires.
  4. Le Gautelf (auj. Götaelf).