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mêmes termes, affirmèrent que ce devait être une calomnie émanant de méchantes gens, si l’on avait fait accroire au roi que Thorolf était un traître. On fit si bien que le roi finit par dire qu’il avait confiance en leurs paroles. Dans toutes les conversations il était bien disposé à l’égard de Thorgils, et ils se quittèrent réconciliés. Et lorsque Thorgils revit Thorolf, il lui raconta tout ce qui venait d’arriver.

14.

Deuxième voyage de Thorolf en Finlande.

Cet hiver Thorolf repartit pour « les forêts[1] » accompagné d’une centaine d’hommes. Il procéda de la même manière que l’hiver précédent, fixant des rendez-vous de commerce avec les Finnois et battant le pays en tous sens. Il pénétra bien loin dans l’Est. Le bruit de son arrivée se répandit, et voilà que les Kvaenir[2] vinrent le trouver. Ils dirent qu’ils étaient envoyés auprès de lui par Faravid, devenu roi du Kvaenland ; ils ajoutèrent que les Kirkjalar[3] ravageaient leur pays et que le roi envoyait cette mission pour inviter Thorolf à se rendre chez lui et à lui amener du secours. Ils remirent un message en vertu duquel Thorolf recevrait une part du butin égale à celle du roi, et chacun de ses hommes autant que trois Kvaenir. Or, chez cette peuplade, la loi voulait que le roi eût droit au tiers de la part totale échue aux personnes de sa suite. En outre, elle lui attribuait, avant le partage, toutes les peaux de castor, de zibeline et de martre. Thorolf fit part de cette invitation à ses hommes et leur laissa le soin de décider s’il fallait s’y rendre ou non. La plupart préférèrent tenter l’aventure, puisqu’il y avait un

  1. C’est-à-dire pour le Finnmörk (mörk = forêts) ou Finlande (Laponie actuelle).
  2. Les Kvènes, peuplade finnoise, au fond du golfe de Bottnie, en Suède et en Finlande.
  3. Les Caréliens, peuplade finnoise, dans le sud-est de la Finlande actuelle.