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Les fils de Hildirid réclament l’héritage paternel.

Les fils de Hildirid allèrent trouver Thorolf et firent valoir les réclamations qu’ils croyaient pouvoir produire au sujet de la fortune qu’avait possédée Björgolf, leur père. Voici ce que Thorolf répondit : « J’ai assez connu Brynjolf et mieux encore Bard, pour savoir qu’ils auraient eu assez de bon sens pour vous céder la part de la succession de Björgolf qu’ils auraient jugée vous revenir de droit. J’étais présent lorsque vous adressiez cette même revendication à Bard et je l’ai entendu avouer que la chose ne lui paraissait pas admissible, puisqu’il vous appelait enfants illégitimes[1]. »

Harek déclara qu’ils allaient produire des témoignages prouvant que leur mère s’était mariée selon la loi[2] ; « il est bien vrai que nous n’avons pas d’abord fait part de la chose à notre frère Brynjolf ; nous devions aussi admettre nos parents au partage. De la part de Bard nous nous attendions à être traités, à tous les points de vue, comme il convenait. Cela ne se fit point, car nos rapports furent de courte durée. Or, voici que l’héritage en question est tombé entre les mains de personnes qui ne nous sont pas apparentées, et actuellement il ne nous est absolument plus possible de garder le silence au sujet de la perte que nous venons de faire. Aujourd’hui comme autrefois, il se peut que la force en décide, et que tu ne nous rendes pas justice en cette affaire, en te refusant à entendre les témoignages que nous avons à produire et qui attestent que nous sommes de naissance légitime. » Thorolf irrité répliqua : « Je pense d’autant

  1. Pour la raison que leurs parents, Björgolf et Hildirid, lors de leur mariage, n’auraient pas observé les prescriptions légales. (V. p. 14, n. 2.)
  2. Question controversée que A. Bley a longuement exposée au chapitre Ier de ses Eigla-Studien (Gand, 1910). Il combat les opinions exprimées à ce sujet par K. Maurer (Zwei Rechtsfälle der Eigla. Sitzb. der Münch. Akad. der Wiss. 1895) et par Finnur Jónsson (2e édition de la saga d’Egil) et il prétend démontrer la légitimité du mariage de Björgolf et de Hildirid, en essayant de faire ressortir que les irrégularités constatées étaient plus apparentes que réelles et, au fond, n’entachaient en rien la valeur légale de l’acte en question.