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vraiment une honte pour nous, si nous n’avions pas l’influence nécessaire pour les mettre d’accord. Je désire donc, Steinar, que tu remettes cette affaire entre mes mains et que tu me la laisses régler comme bon me semble. »

« Je ne sais pas, » répondit Steinar, « si je dois ainsi abandonner ma cause, attendu que j’ai déjà obtenu le concours de personnes influentes. Je tiens seulement à ce que le litige soit tranché de manière à donner satisfaction à Odd et à Einar. »

Là-dessus, Odd et Einar délibérèrent entre eux, et Odd s’exprima en ces termes : « Le secours que je t’ai promis, Einar, je veux te l’accorder jusqu’à la clôture du thing ou jusqu’au prononcé de la sentance que tu consens à accepter. Tu dois avoir toute garantie quant à la tournure que prendront tes affaires, si Egil est appelé à en juger. »

Alors Önund dit : « Je n’ai nul besoin de laisser cela sous la langue d’Odd. Il ne m’a fait ni bien ni mal. Egil, par contre, m’a rendu de très nombreux et de très grands services. J’ai beaucoup plus de confiance en lui qu’en d’autres. En somme, j’agirai à ma guise. Il y aura avantage pour toi à ne pas nous avoir tous contre toi. Jusqu’ici, j’ai toujours décidé au nom de nous deux, et il en sera de même à cette occasion. »

« Tu es vif en cette affaire, mon père ; mais plus d’une fois, je crois, nous en aurons du regret. »

Sur ces mots, Steinar remit la cause entre les mains d’Önund, avec faculté de poursuivre le procès ou de conclure un accord, conformément à la loi. Dès qu’Önund fut maître de la situation, il vint trouver Thorstein et Egil, le père et le fils, et dit : « Je désire, Egil, que tu juges seul en cette occurrence et que tu décides comme tu l’entends, car, pour trancher le litige où je suis impliqué actuellement, comme en toutes autres circonstances, c’est toi qui m’inspires le plus de confiance. »

Là-dessus, Önund et Thorstein se donnèrent la main et se constituèrent témoins pour attester qu’Egil Skallagrimsson aurait seul à décider, au thing de ce jour, dans la cause en question, suivant son bon vouloir et sans restriction aucune. C’est ainsi que les discussions prirent fin. Ensuite les gens regagnèrent leurs tentes. Thorstein fit amener devant la tente d’Egil trois bœufs,