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qui était vide jusqu’alors. Ils descendirent de leurs chevaux. Thorstein, apprenant l’arrivée de son père, se porta à sa rencontre avec tout son entourage et lui fit un accueil cordial. Egil et les siens firent transporter dans la tente leurs bagages de route et mener les chevaux au pâturage. Ces opérations terminées, Egil s’achemina avec Thorstein et toute sa bande vers la butte du thing et l’on prit place aux endroits que l’on occupait d’habitude.

Bientôt Egil se leva et dit à haute voix : « Önund Sjoni est-il sur le tertre du thing ? »

Önund répondit qu’il était présent. « Je me réjouis de ton arrivée, Egil ; cela contribuera à aplanir les différends qui règnent ici entre les gens. »

« Est-ce à ton instigation que Steinar, ton fils, intente un procès à mon fils Thorstein et qu’il a amassé une pareille foule dans l’intention d’obtenir la proscription de Thorstein ? »

« Ce n’est pas ma faute, » répondit Önund, « s’ils sont en désaccord. J’ai longuement plaidé pour décider Steinar à faire la paix avec Thorstein ; car, en toute circonstance, j’ai eu à cœur de soustraire ton fils à l’humiliation, en souvenir de la vieille et fraternelle amitié qui a existé entre nous, Egil, depuis le temps où nous avons grandi ici l’un à côté de l’autre ».

« Bientôt, » reprit Egil, « on verra clairement si le langage que tu tiens repose sur la vérité ou sur le mensonge. Toutefois, je ne pense guère que tu ne sois pas sincère. Je me rappelle les jours où aucun de nous deux n’eût pu supposer que nous serions jamais impliqués dans des procès, pour n’avoir pu retenir nos fils de se livrer à un acte de folie pareil à celui qui — à ce que j’entends — se commet ici. Il me semble de bon conseil, aussi longtemps que nous sommes en vie et alors que leur querelle nous touche de si près, que nous fassions nôtre la cause qui les divise et que nous la réglions. Il ne faut pas que nous laissions Tungu-Odd et Einar exciter nos fils l’un contre l’autre comme des chevaux. Engageons-les à user d’un autre moyen pour accroître leur fortune, plutôt que de s’enrichir par de semblables procédés. »

Alors Önund se leva et dit : « Tu as raison, Egil ; il ne nous sied pas de siéger à un thing où nos fils sont en procès. Ce serait