Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 243 —

Dans cette tente, il n’y avait personne. Steinar aussi se rendit au thing en nombreuse compagnie. À la tête de cette troupe marchait Tungu-Odd qui, de son côté, amenait une foule imposante. Einar de Stafaholt y était venu aussi avec beaucoup de gens. Ils dressèrent leurs tentes et une masse de personnes se trouvaient rassemblées au thing. Les discussions s’engagèrent. Thorstein ne voulait accepter aucune transaction. À tous ceux qui tentaient une réconciliation, il répondait qu’il était d’avis d’attendre le jugement, alléguant que l’accusation formulée par Steinar au sujet du meurtre de ses domestiques était peu fondée, par le fait que ces domestiques s’étaient rendus suffisamment coupables. Steinar soutint sa cause avec âpreté ; il estimait que ses réclamations étaient légitimes et qu’il disposait de forces suffisantes pour faire triompher ses prétentions. Aussi mettait-il quelque présomption dans ses paroles.

Ce jour-là, on s’achemina vers la butte du thing[1], et les intéressés exposèrent leurs contestations. Le soir, les juges devaient rendre la sentence. Thorstein se tenait là avec sa troupe. Il prétendit que l’on observât rigoureusement la procédure, attendu que cela s’était fait ainsi au temps où Egil était préposé au godord et commandait aux habitants. Les deux partis étaient armés jusqu’aux dents.

Du thing, on apercevait un groupe de personnes qui descendaient les bords de la Gljufra et dont les boucliers reluisaient au loin. Elles se rapprochèrent du thing. À leur tête chevauchait un homme en robe et capuchon bleus, portant sur la tête un casque à bordure d’or, au côté un bouclier garni d’or et, à la main, une lance à pointe barbelée et dont la virole était incrustée d’or. Il avait une épée à la ceinture. C’était Egil, fils de Skallagrim, qui venait d’arriver à la tête de quatre-vingts hommes, tous bien armés et comme équipés pour les combats. C’était une troupe d’élite. Egil avait amené avec lui, de Nes, les meilleurs fils de propriétaires, ceux qu’il jugeait les plus valeureux. Il se dirigea avec son escorte vers la tente que Thorstein avait fait élever et

  1. Aux things régionaux, tout comme à l’Althing, il se trouvait une élévation de terrain d’où l’on dominait l’assemblée et où il fallait se rendre pour prendre officiellement la parole.