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vaste littérature du moyen âge scandinave, il n’existe guère d’ouvrage qui présente des tableaux aussi vivants, aussi saisissants, de l’esprit d’aventures et de l’existence mouvementée des vikings. Aucun autre ne dépeint en un langage aussi animé, aussi colorié et avec une pareille profusion de détails pittoresques, les mœurs, les coutumes, les institutions de cette période reculée. Qu’il s’agisse de banquets, de mariages, de noces, de procès, de visites, de funérailles, l’intérêt est stimulé par la vigueur des traits et la nouveauté des aperçus. Aucune monotonie dans les descriptions. Les scènes semblables au fond se présentent toujours dans des cadres différents. Esquisses rapides ou récits circonstanciés, ce sont, dans leur contour spécial, autant de petits drames qui se détachent avec netteté du fond de l’ensemble, qui parlent à l’esprit et font découvrir un à un les multiples aspects des idées et des aspirations du peuple scandinave. Ce sont les pratiques du culte païen, les sacrifices, les croyances populaires, la vie des scaldes, les simples travaux des champs, la pêche, les réceptions privées, ou bien la procédure devant les tribunaux, les assemblées nationales ou régionales, les rapports administratifs du roi avec ses gouverneurs et ses vassaux, les procès, les duels, les longues pérégrinations à travers des contrées lointaines. Partout des aperçus originaux et des croquis pris sur le vif. Dans les récits viennent naturellement s’intercaler des portraits de personnages marquants, des descriptions de sites, des détails relatifs à la confection et à la nature des vêtements, à l’armement des guerriers, à la construction et à l’équipement des navires.

Dans un autre ordre d’idées, la saga d’Egil jette une vive


    les émigrés norvégiens, à la suite du coup d’État de Harald aux Beaux Cheveux (fin du ixe siècle). Cet ouvrage est attribué à Sturla Thórdarson (1214-1284).
    Collection de Sögur dues au grand écrivain Snorri Sturluson (†1241) et traitant de l’histoire des rois de Norvège jusqu’en 1177. Ce titre lui est venu des deux mots par lesquels débute la première de ces sagas, l’Ynglinga saga : Kringla heimsins, sú er mannfólkit byggvir… (le globe terrestre habité par les hommes…).