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présentait. Bien que certains convives fussent encore occupés à boire, il n’y avait guère de divertissement dans la salle. Enfin, Egil se leva ; ses compagnons en firent autant. Ils détachèrent leurs armes des parois où ils les avaient accrochées et entrèrent dans la grange au blé où se trouvaient leurs chevaux. Là, ils se couchèrent sur la paille et dormirent jusqu’au matin.

72.

Egil chez Thorfinn, dont il guérit la fille.

Le lendemain, Egil se leva dès que le jour parut, et se disposa à partir avec ses compagnons de voyage. Sitôt les apprêts terminés, ils retournèrent à la ferme, à la recherche d’Armod. Ils arrivèrent devant la chambre où dormaient Armod, sa femme et sa fille ; là, Egil poussa la porte qui s’ouvrit, et il s’avança jusqu’au lit d’Armod. D’une main, il tira l’épée, de l’autre, il saisit Armod par la barbe et l’entraîna jusqu’au bord de la couche, pendant que la femme et la fille accouraient et suppliaient Egil de ne pas tuer Armod.

Egil répondit que, par respect pour elles, il lui faisait grâce, « car vous en êtes dignes, et cependant il a mérité que je le fasse mourir ».

Alors Egil dit cette strophe :

L’homme au méchant langage
Doit la vie
À sa femme et à sa fille.
Ce n’est pas la peur qui m’arrête devant le batailleur.
J’estime qu’il n’est pas digne de moi
De m’accommoder du festin
D’un semblable personnage
Nous allons partir pour un lointain voyage.

Ensuite, Egil coupa la barbe du menton d’Armod et lui enfonça le revers du doigt dans l’œil, au point de le faire sortir de l’orbite. Cela fait, il s’en alla rejoindre ses camarades. Ils se remirent en route et, à l’heure du repas, atteignirent la ferme