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À certains endroits, les fossés étaient bordés de gros piquets. Là où l’on devait passer, il y avait des ponts ; c’étaient des troncs d’arbres jetés d’une rive à l’autre. La population se réfugia dans la forêt. Mais lorsque les vikings se furent avancés loin dans l’intérieur des terres habitées, les Frisons se rassemblèrent dans la forêt ; réunis au nombre de plus de trois cents hommes, ils se portèrent à la rencontre des vikings et engagèrent un combat contre eux. Ce fut une rude mêlée, qui se termina par la fuite des Frisons poursuivis par les vikings. La troupe de paysans, en cédant le terrain, s’éparpilla en tous sens ; les poursuivants firent de même, de sorte que, finalement, peu de gens restèrent ensemble de part et d’autre. Egil, avec un petit nombre d’hommes, s’acharna à la poursuite d’une troupe très considérable de fuyards. Les Frisons arrivèrent sur le bord d’un canal ; ils le passèrent et enlevèrent les ponts. Bientôt Egil apparut avec les siens sur l’autre rive ; sans hésiter un instant, il sauta par-dessus le canal ; mais pour ses compagnons, ce n’était pas un saut à risquer et personne ne s’y aventura. À cette vue, les Frisons l’assaillirent. Mais il se défendit bien. Onze hommes s’acharnèrent contre lui ; néanmoins, le combat fini, il les avait tous abattus. Là-dessus, il remit le pont à sa place et repassa le canal. Il remarqua alors que tous ses gens avaient rejoint les bateaux. En ce moment, il se trouvait à proximité de la forêt ; pour s’approcher des bateaux, il suivit la lisière de la forêt, afin d’avoir la ressource de s’y réfugier, en cas de besoin. Les vikings avaient fait un butin considérable et amené au rivage de nombreuses bêtes à cornes. Quand ils arrivèrent près de leurs bateaux, les uns abattirent le bétail, les autres transportèrent à bord les biens conquis ; d’autres enfin se tenaient plus haut, dans un abri fortifié, car les Frisons, qui étaient descendus en masse et lançaient des projectiles, possédaient en cet endroit un deuxième groupe de combattants. Parvenu sur les lieux, et voyant ce qui se passait, Egil se précipita avec impétuosité vers la place occupée par la troupe ennemie. Il prit sa lance des deux mains et la tint devant lui ; quant au bouclier, il le rejeta sur le dos. Au moyen de la lance, il culbuta tout ce qui se présentait à lui et ainsi se fraya un passage jusqu’auprès de sa troupe. C’est ainsi qu’il réussit à rejoindre ses hommes, qui croyaient le voir revenir du