Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 188 —

rent genre, car il était, de tous les hommes, le plus généreux et le plus distingué.

Alors Egil composa cette strophe :

De son plein gré, le noble homme a remis
Au poète un habit à traîne, fait de soie
Et garni de boutons d’or.
Jamais je ne trouverai un meilleur ami.
Arinbjörn, sans se ménager,
A déployé le luxe d’un grand seigneur.
Jamais il ne naîtra un homme
Qui soit son égal ou qui le surpasse.

68.

Egil réclame du roi Hakon les biens du berserk Ljot.

Après les fêtes de Noël, Egil fut en proie à une mélancolie telle, qu’il ne prononça pas un mot. Dès qu’Arinbjörn s’en aperçut, il se mit à causer avec lui pour demander ce que signifiait cette humeur sombre qui l’accablait. « Je veux, » dit-il, « que tu me fasses savoir si tu es malade ou si tu as quelque autre motif d’être triste ; nous tâcherons d’y porter remède ».

Egil répondit : « Je ne souffre d’aucune indisposition ; mais j’ai de grands soucis au sujet de la manière dont j’entrerai en possession des biens que j’ai conquis en tuant Ljot le Pâle, dans le nord, à Möri. On me dit que les intendants se sont emparés de toute la fortune et l’ont confisquée au profit du domaine royal. Je désire donc que tu me prêtes ton concours pour recouvrer les propriétés en question. »

« Je pense, » dit Arinbjörn, « que les lois du pays ne s’opposent point à ce que tu t’empares de ces biens ; et cependant, je crois qu’ils sont tombés entre des mains solides. Vaste est l’accès du domaine royal, mais la sortie en est étroite. Il est vrai, nous avons jadis fait rentrer des biens au prix de graves difficultés et malgré l’opposition de personnages puissants ; mais en ces temps nous jouissions auprès du roi d’une faveur plus grande que ce n’est le cas aujourd’hui. Il est de fait que notre amitié avec le roi Hakon repose sur un fond peu solide, bien qu’il faille me comporter